GR73 : the Big snowtrail !
Préambule :
Cette année j'ai remis le couvert pour
le Gr73, pas eu trop le temps d'envisager un autre trail, l'avantage
de connaître le terrain a joué aussi dans ce choix d'y retourner.
Le revers, c'est qu'en finissant 8 l'année passée je me mets
d'entrée la pression pour faire aussi bien ou tout du moins
approcher ce classement.
Aucun dossard avant cette course,
compte tenu des conditions en montagne je suis un peu contraint à un
moment de commencer à courir à la place de faire de la rando, peu
de sortie longue en trail, j'entame en avril les sorties de 3-4h.
Je me décide aussi à retourner
repérer pour me mettre le parcours à nouveau en tête et voir les
variantes, les conditions météo sont à chaque fois difficiles avec
pluie, boue et encore beaucoup de neige, les sensations sont d'abord
mitigées puis bonnes, je vois quasi tout le parcours en 3 sorties,
ça fait du bien.
15jours avant je me relaxe en attendant
le départ, ça va pas mal jusqu'à ce que les prévisions météo
annoncent assez rapidement de la neige... puis 3 jours avant le
départ, les ouvreurs annoncent une modification du parcours, deux
sommets en moins (Colombier et Galoppaz) ça reste costaud avec 70km
et 4300md+... moins de dénivelé (-500m) signifie plus roulant donc
pas top pour moi. Le stress monte d'un cran, du mal à dormir.
Puis le jeudi et le vendredi les
prévisions confirment la neige dès 800m/1000m, là je ne sais plus
trop comment m'habiller, ni trop chaud ni trop froid, prise de tête
…
J-1 jusqu'au Lac de la Thuile (20km) :
Le vendredi après le taf, je récupère
mon dossard il caille déjà, je rentre finir de préparer le
matériel, couché vers 22h30, endormi vers 1h, réveillé à 3h00,
dans la caisse à 3h45, sur la ligne de départ à 4h45... y a du
monde, j'aperçois Ludovic Pommeret, « à coup sûr le futur
vainqueur ». J'ai déjà froid, malgré les gants... il pleut,
certains n'ont pas de veste...on est dans les 300.
Je me place dans les 30 premiers,
histoire de regarder les premiers et de ne pas trop me faire coincer
dans la montée de la Roche du Guet, le départ est donné, la zic
dans les oreilles me calme, c'est parti, je suis Pommeret, qui
démarre cool, devant ça taquine déjà, je laisse filer... on a le
temps de s'écharper pour une place.
A mon rythme après les vignes j'arrive
sur la montée de la Roche du Guet, ça bouchonne d'entrée, je suis
le train et dépasse dès que le sentier s'élargit un peu, toujours
dans la nuit froide éclairé à la frontale, la pluie me fouette le
visage, puis c'est la neige vers 800/900m qui me refroidit la tronche
et les jambes, la boue s'occupe de me coller les chaussures, malgré
tout j'avance assez bien, à 1100m la neige tient au sol, voilà
après une heure de course à 6h nous sommes en plein hiver, les
pieds dans la neige et parfois le reste lorsque l'on glisse, les
mains et les gants sont rapidement trempés, 6h15 j'arrive au 1er
sommet, le vent du nord me fouette un peu plus sur les dalles
glissantes, 3 min d'avance sur les prévisions, les bénévoles bien
courageux m'annoncent 20ème, cool, je suis déjà bien classé après
8,4km.
La suite vers le Mont Gelas (13km) me
permet de doubler 2 coureurs et je commence à temporiser car ici il
y a plus de neige et comme ça doit durer 70km, autant en garder sous
le pied alors ne voyant personne devant, je me retourne histoire de
voir mon avance et de constater qu'un groupe de 4 est en train de me
rattraper, je force un peu l'allure, pas question de me faire
rattraper avant le sommet, je bascule en rattrapant un coureur qui me
laisse passer, puis je bourrine, ne sachant pas trop qui sont mes
poursuivants, autant mettre une cartouche dans ce terrain défoncé
par la neige et la boue, les traces de glissades permettent de jauger
la nature de la boue : soit hyper glissante soit collantes avec
terreau... un baton en carbone est planté dans le sentier pulvérisé
par son proprio qui a du essayer de contenir une glissade.
En 1km je double encore quelques
coureurs et me retrouve 14ème un peu taquet, trop même je glisse
et me ramasse quelques fois et m'égare deux fois, du coup je perds
(2min) 3 places quand j'arrive au Lac de la Thuile, 20km 2h38 de
course, 30min d'avance, il fait froid, le ravito est pas mal mais je
perd un peu de temps à chercher ma bouffe (3min d'arrêt), en
sortant sous la neige je téléphone à Céline pour la prévenir de
mon avance et n'arrive plus à me servir de écran tactile à cause
de l'humidité, je l'éteins et m'égare à nouveau (30s), ça me fait chier d'avoir éteint mon portable je suis plus en contact avec
Céline et à Aillons je vais avoir besoin d'elle pour le ravito.
Lac de la Thuile (20km) - Aillons (38km) :
Pas le temps de gamberger, il fait
toujours froid, sûrement négatif, il neige, je sais pas trop
combien je suis, ça n'a pas trop d'importance, à la Rongère
j'entame la montée de la Sauge, puis de la petite Pointe de la
Galopaz, un bénévole me prévient qu'il y a un passage délicat, il
a raison, c'est blindé de neige, un coureur sans veste me suis, on
avance bien et doublon un autre qui ralenti un peu, le vent fait
tomber la neige des arbres sur nos vêtements et ça devient dur, je
bouffe pour éviter une éventuelle future proche ou assurée
hypoglycémie, avec la musique je m'isole, l'alti me donne l'allure
de vitesse verticale, l'écran givre en surface, la pipette commence
à geler le vent m'assourdit et me fait gamberger sur la suite. Je me
retourne machinalement pour voir le mec sans veste, il a décroché,
mais deux avions viennent sur moi, ça me donne un coup de fouet,
j'avance et arrive au Pic de la Sauge en les entendant respirer,
brrrr comme des bêtes sauvages on avance sans parler dans le
brouillard, la neige à mi-mollet, à 1600m on rigole pas des masses,
un mec sans veste parti en 1ère ligne semble avoir décroché, ils
nous laisse passer.
Dans la descente vers le col de la
Galoppaz toujours dans le brouillard je remets une cartouche, je suis
pressé de redescendre pour sortir de cette neige, je rattrape un
coureur bien sympa on glisse encore et encore, la remontée sur la
Petite Pointe de la Galoppaz est impressionnante de part le vent, le
brouillard et les congères, dingue, je m'accroche après ça
descendra et je devrais avoir moins froid, mais après ça va être
tendu pour finir...
Crédit photo François Camoin (merci) |
Sous la Petite Pointe dans la descente
un bénévole se met à découvert pour nous annoncer qu'à Aillons
on « rentre au bercail » on est à 1600m on gèle, à
Aillon ça fera 38km, la course serait donc finie là bas, resterait
environ 10km ? Ça me paraît plausible je remets donc une 3ème
cartouche comme le mec devant moi et celui qui me suit...
Au chalet de la Buffaz, y a moins de
neige et encore de la boue, un autre bénévole nous indique qu'à
Aillons le parcours est modifié on zappe le col de Cochette (1700m)
car trop de neige (40cm) et on rentre par Morbié pour reprendre le
parcours... je suis pas trop sûr d'avoir compris dans ce vent et
cette neige, mais au moins je suis doublement soulagé, on ne remonte
plus au dessus de 1600m et ça ne fini pas à 38km...
Un peu avant un bénévole qui prenait
des photos m'annonce 10ème ça ma fait bien plaisir, mais comme le
mec devant et celui derrière ont tous les deux une veste rouge et que
l'on se dépasse sans arrêt je ne sais plus trop en descendant
combien je suis, pas grave, vers 1200m je respire et j'ai presque
chaud, le moral remonte, mes mains se réchauffent un peu, engourdies
par le froid les gants trempés par la neige et la boue à force de
tomber je ne peux plus utiliser correctement les doigts pour mon
portable qui daigne s'allumer, 10h30 presque 3h sans new, Céline et
Tiago sont dans le coin ils m'attendent pour le ravito d'Aillons, je
peux aussi remettre mon mp3, je sais pas trop comment j'ai réussi
tellement mes bouts de doigts sont anesthésiés... bref, de la zic
ça passe mieux...
Ma pipette déconne pas mal et m'inonde
régulièrement je mets un moment à me demander pourquoi mon
cuissard est trempé...
Arrivé à Crévibert avec un
concurrent je croise Céline elle file à Aillons, cette partie plate
sur 3,4km à 1000m m'oblige à allonger mes foulées pour tenir la
place, le coureur qui me suit depuis le Pic de la Sauge, me propose
de finir la course avec lui en franchissant ensemble l'arche placée
à Aillons au 38ème km, j'accepte mais lui demande s'il est sûr que
c'est la fin de la course, hélas pour lui il nous reste 20km...
Aillons (38km) - Arrivée (57km) :
Il doit être 11h j'ai chaud, Céline
me dit qu'il fait 1°C, ha quand même on a du se prendre du -5°c
voir moins en plein vent là haut... le ravito se fait vite, voyant 2
mecs décoller le 7 et le 8ème, mais je suis pas sûr, je file
taquet oubliant de fermer ma poche pleine de barre maison, tout tombe
au sol sans m'en apercevoir...
La remontée à Morbié est donc une
modification, ça se passe par une piste de ski verte, large et peu
raide, pénible à monter j'alterne marche et course et fini par
doubler un coureur. Après 5km au dessus de Morbié deux bénévoles
me proposent un bout de saucisson ils me disent « 7 ou 8ème »,
ok je file dans la neige et la boue pour une partie normalement
roulante jusqu'au Col du Lindar, 47ème km, des bénévoles essaient
de faire un feu dans la neige pour se réchauffer il reste beaucoup
de neige, mais on descend et je sais qu'il reste 10km, je me mets en
pilotage automatique jusqu'à Montlambert, le 8ème me rattrape, il
me paraît en forme mais ne veut pas passer devant, on avance comme ça
sur un sentier défoncé par le passage des coureurs du petit
parcours, c'est vraiment extrêmement boueux, glissades et
dépassements scabreux au programme.
Crédit photo : François Camoin |
Arrivés à Montlambert, il ne reste
plus que 4,5km de descente, d'abord technique puis roulante, l'année
passée je m'étais fait doubler à cet endroit, donc cette fois ci
pas de blague, à bloc à fond en glissades je donne tout ce qui me
reste dans la partie la plus technique en espérant faire le trou, je
double des coureurs du 23km qui me laissent passer et doivent me
prendre pour un tarré, pas grave, j'ai envie de finir, sur la partie
finale, les crampes aux mollets s'invitent mais sont légères je
tempère je me retourne à 1km, le 8ème n'est plus en vu, ouf je
passe l'arrivée toujours à bloc et fini 7ème à 32min du 1er, bien
content de cette épreuve !
Au compteur : 57km et 3650md+,
10ème édition dantesque.
On est lundi soir soit plus de 48h
après les extrémités de mes doigts sont toujours engourdies...
Le programme de Julien m'a mis en
confiance, je me sent plus fort physiquement, cette course confirme
le bien fondé des séances effectuées, parfois dures mais après ça
envoi ! Vivement la suite...
même pas eu le temps de te féliciter : Bravo champion !
RépondreSupprimerT'aurais dû le faire en split, t'aurais tolé tout le monde :)
Arrêtes je vais rougir... et toi le Grand Duc vous allez le plumer et le bouffer avec ton team ?
Supprimersinon session body vendredi la gache monte...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
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