Grand Raid du Queyras (court) : vertige y est tu ?

Après l’onglée chopée le 25 mai sur le du GR73 raccourci à 57km et 3650md+, à cause de la neige, des températures polaires et de la boue… il me reste tout juste 5 semaines pour préparer et me refaire une santé pour le Grand raid du Queyras, version courte annoncée à :  58km et3800md+ (trace gps 3D).

Lac Soulier le 8 juin
Pour leur 1ère édition les organisateurs doivent composer avec la neige présente en grande quantité au dessus de 2200m. Sur le WE du 8 et 9 juin, je repère les 25 premiers km le samedi et 19 autres le dimanche avec l’organisation cette fois-ci, sous la neige, ça m’a bien aidé à choisir les chaussures et décidé à ne pas prendre les bâtons, car le parcours me paraît bien roulant.

Les sorties longues et les séances en semaine vont de mieux en mieux, la vitesse en descente est bien là, les voyants sont au vert.

Niveau participants initialement il y avait le 9 juin d’après l’orga, 91 sur le court (58km) et 110 sur le long (128km). Je sent qu’il y a un coup à faire, j’identifie 6 bons coureurs dont 2 d’un très bon niveau, du coup je commence à envisager la 7ème place comme faisable…

J-10 : Messages de l’organisation
Les 2 parcours sont modifiés pour tenir compte de la neige, le long passe de 128km à 118km et le court passe de 58km à 56km, on ne passe plus au lac de Soulier (2500m) et la descente du col de Furfande se fera comme lors de la reco par le GR, ça me convient bien, ayant fait donc une grande partie du parcours.

2nd message peu de jour après : le 118km est annulé à cause de la neige, les coureurs peuvent se rabattre sur le court, on passe de 91 à 200 personnes, je ne cherche pas à savoir qui sont les forts coureurs la liste n’est pas forcément claire et ça fait un peu too much de dresser le pedigree de chacun, je laisse tomber l’idée d’un classement et préfère attendre la trace gps du parcours modifié, qui ne viendra pas…

J-7 : Grosse chaleur = grosse claque
1 semaine avant le départ sur une séance au seuil bien dure en côte je force d’entrée l’allure pour atteindre la plage cardiaque, erreur, il fait encore trop chaud (>35°c), les vertiges me viennent direct la tête bourdonne, le sol se dérobe je suis obligé de regarder loin devant pour ne pas tomber, les séries 2 et 3 passent mieux, mais j’ai pris cher…

Lendemain, déménagement je ressent finalement encore pas mal de fatigue, une session body en fin d’am me fera du bien…

Le dimanche (J-6) une séance d’1h30 avec de la variété et de la vitesse se passe très bien, rassuré je me rajoute une dernière session bodyboard dans l’Isère, courte mais fraîche, un peu trop, un el-rollo plus tard, les vertiges reviennent, je suis vrillé complet..

Bilan, coup de chaud + effort + coup de froid = vertiges…

J’entame la dernière semaine avec de gros vertiges dès le matin, claqué je ne peux pas aller courir la séance du mardi, les intestins décident de ne pas digérer les sucres lents que j’avale, ça part mal, le médecin et l’analyse de sang, confirment la fatigue musculaire et la nécessité de me reposer…mon mp3 me lâche un truc de plus à préparer... moral en berne...

Mes parents après Névache ont enchaîné avec le Queyras en se logeant sur le site de départ, ils ont enquillé 150km et 8200md+ à pied, après les avoir rejoints à Névache pour se promener et réaliser aussi une grosse séance de 3h30, j’ai du mal à accepter l’idée de ne pas les rejoindre dans le Queyras, c’est même impossible, on part donc vendredi en fin d’am avec Céline et Tiago, j’en mène pas large, autant de km pour peut être ne pas prendre le départ…

J-1 : Débriefing et dernier footing
Le dossard est rapidement récupéré sur la place de Salva et j’assiste un peu par hasard au débriefing qui se révèle riche en info, puisqu’il y a un dernier changement de parcours, le lac de Soulier est remis, il y a aussi un point d’eau ajouté sur la fin du parcours, pour le matos obligatoire on peut s’alléger (frontale, polaire, gant, bonnet, veste chaude…) si on juge être capable d’arriver avant la nuit… cool. Sinon risque de croiser des patous et des ruches, faudra pas sortir les gels sucrés...

Après avoir rejoint mes parents, on part avec Céline pour un dernier footing de 30min dans Aiguilles à la recherche du point de départ, que l’on ne trouve pas, aucune installation n’est en place, exceptées quelques rubalises en sortie de village qui confirment que l’on est bien sur le parcours, pour le reste nada… de retour dans l’appart, de nouveaux des vertiges…on fini de peaufiner les ravitos.

Jour J :
Nuit assez reposante, réveil vers 5h50 petit déj avalé en mode automate, idem pour les vêtements, je file vers le départ à 6h40 juste 20min avant le départ.

Cette fois-ci le point de départ est en place, les coureurs sont aussi présents nous sommes 181, il fait pas si froid, je me change pour virer l’inutile qui restera dans mon sac, je croise un coureur avec qui j’avais fait la Montagn’Hard, il avait fini 5ème en me mettant 2h30, Thibaud Gueyffier (le clone de Laurent), avion de chasse de son état (2h39 au marathon de Marseille 2013), bien sympa on discute pas mal, puis je retrouve un local de Ceillac avec qui j’ai fait une journée de reco, ça permet de se détendre avant le départ.

Départ – Souliers 19ème : 16,4km (2h08 au gps, 1h58 au badge...) – 2h10 de prévu
Vrai coup de fusil de chasse pour le départ ! surprenant, on trace dans les rues endormies d’Aiguilles quelques habitants curieux nous regardent, il fait assez beau, ça part vite, le gps m’indique 13km/h, je tiens un peu l’allure, puis laisse tomber pour tourner au cardio à l’altimètre dans les bosses.

Roulant sur 6,5km avec quelques bosses, sur une piste, je me fais beaucoup doubler, je suis pas dans le rythme (8,3km/h de moyenne) et ça me sidère de voir la vitesse des autres, je peux pas suivre, ensuite dans la montée vers le col de Crèche, ça continue on me double un peu, je peine à coller à un groupe de 10, sans bâton dans cette montée raide par endroit, je ne suis pas à mon aise, tant pis faut gérer sa course, c’est encore long…(je suis dans mes prévisions sur cette montée).

Passé le col de la Crèche à 2320m 9,3km et 1h22 de course, j’espère recoller dans la descente sur la Bergerie, mais non impossible même à bonne allure ça veut pas, devant le groupe envoi et encore plus devant je ne verrai pas la tête de course… dur dur, c’est roulant et ça se ressent.

A la Bergerie, je visualise la montée suivante et compte les coureurs, le groupe de 10 m’a remis de l’avance, aïe, toujours sans me cramer je grimpe et tache de recoller, mais toujours personne de rattraper, reste après cette montée, 3,5km de descente jusqu'à Soulier où Céline m’attend avec Tiago, ça me motive, je rattrape un coureur (le 1er doublé depuis le 7ème km), j’arrive à bloc dans Soulier, je passe trop vite pour badger, l’organisateur me visualise et balance mon numéro au chrono, je cherche Céline et l’aperçois avec Tiago et mes parents, c’est un bonheur de les voir, ça me regonfle à bloc, d’autant qu’on réalise un ravito en moins d’une minute, je laisse le matos inutile et la frontale…


Soulier – Arvieux 10ème  : (16,4ème – 30,9ème km) – 3h48 de course (3h43 de prévu)
iti du Col de Furfande au fond (8 juin)
Je repart reboosté, sans connaître mon classement le coureur devant moi est le collègue de Ceillac que je n’ai même pas vu passer devant moi, pour dire qu’un bon paquet m’avait doublé, on discute un peu, puis je me décide de maintenir une petite foulée dans la montée au lac de Soulier, qui commence par de la piste carrossable, ça paie petit à petit je recolle aux mecs qui portent des bâtons et lâchent avant moi le trot pour la marche…

Un couple âgé de bénévoles m’annonce tout à la fois : « tu es 15ème ou 17ème, heu… oui c’est ça 20ème » ok, on va dire 20ème, 2h30 de course, je passe en mode pac-man, la montée se raidit, on gagne en altitude, à 2300m ça commence à flancher devant, je compte les coureurs puis vers 2400m les vertiges apparaissent… je suis contraint de ralentir pour ne pas perdre l’équilibre, tout le monde marche, le groupe de 10 s’allonge.

A 2500m le lac est beaucoup moins enneigé que le 8 juin, où je m’enfonçais jusqu’à la taille… là c’est sec, je bascule dans la descente en direction de la route de l’Izoard, où toute « ma troupe » m’attend, plus de vertige, je suis dans un état de flow, tout est facile sans effort, je cavale à vitesse élevée (13,7km/h sur ce petit tronçon de 2,4km). Encore un coureur de dépassé je pense être 15ème, j’arrive sur la route c’est une joie partagée, ils sont dans le vent froid et m’annoncent 13ème j’ai du mal à comprendre, feux prochaine rencontre Arvieux…

Dans la Casse Déserte, il fait chaud, j’aperçois une paire de pied courir à 200m devant, après avoir forcé je rattrape la 1ère féminine qui avance fort et me redouble à Brunissard, je repasse devant et petit à petit la distance, sur cette partie en balcon, je cours même dans les montées ce qui me permet d’apercevoir le 11ème et le 10ème que je double 1 ou 2km avant Arvieux, l’un d’eux me repasse en faisant une grosse coupe dans une longue épingle ce qui m’agace un peu… on arrive à 3 dans Arvieux, mes supporters sont survoltés, Céline m’assure un ravito en moins d’une minute, ce qui me permet de repartir 8ème avec le 9ème 100m derrière et deux coureurs à 500m devant…

Arvieux (30,9ème km) – Arrivée (55ème km) : 6h38 (7h17 de prévu)
Col de Furfande sous la neige le 9 juin
Je suis chaud pour recoller les deux de devant mais inquiet par le 9ème qui me suit bien, la course se joue dans cette montée à Furfande, 6,6km pour 940m de dénivelé, le 1er qui craque perd sa place, ma stratégie est basique, quand les 2 devant courent, je cours, quand ils marchent, je continue de courir 10 ou 20m de plus, c’est vraiment dur, car ils courent souvent mais comme ils sont en vue ils me tirent, vers 2300m je les rattrape, car après un moment dur (vertiges) dans les bois, je me sent mieux et dans un moment court d’euphorie je me décide de les dépasser, le 6ème c'est Thibaut, je suis surpris de le rattraper on échange deux mots, on se tient jusqu’au col de Furfande…(37,5km et 4h59).

Dans la descente sous une fine pluie qui nous rafraîchi depuis quelques minutes, je me décide de filer rapidement vers le prochain d’eau, car je suis à sec… aux chalets, le panneau indiquant la fontaine est trop petit, je ne le vois pas, je continu jusqu’au col suivant Garnier (41ème km), j’ai un peu creusé l’écart sur mes poursuivants après avoir dépassé un groupe de vttistes mais c’est léger, je demande où est le point d’eau, « bah tu l’as passé » on m’annonce 20ème… bref, la descente à suivre est très dure, raide elle met à rude épreuve les quadri, je me décide de donner tout ce que je peux, car après ce sera roulant et les avions vont sans doute me rattraper, mon seul objectif c’est de ne pas servir de lièvre en n’étant pas visible, pour ça je cours à bloc…

Au passage du torrent au 46ème km (5h51), un bénévole me donne une bouteille de 500ml d’eau, je suis sauvé, il me rend un grand service et je sais maintenant que je peux tenir encore 1h, quel soulagement de pouvoir boire… après une avant dernière montée, le parcours suit une piste roulante où je me dois de courir vite, mes pieds chauffent les gravillons me râpent le talon droit (pas le temps de m’arrêter), mes quadri me font mal le 5ème est annoncé 17min devant moi, donc imprenable, par contre les 2 qui me suivent courent vite, faut rien lâcher.

Après un passage sur route en pleine chaleur, douloureux, la suite se fait dans une descente un peu technique et raide, reste 3km on traverse un hameau, en passant le long d’un grillage un chien aboie, 2min plus tard, il aboie à nouveau…argh ils me rattrapent, final de folie (15,7km/h sur 2,6km), après le pont, dernière montée ils ne peuvent pas me voir, je file 100m de dénivelé toujours personne rassuré, je prend pied sur la route, plus qu’1,5km, après 200m dernière vérification, le 7ème est déjà là, pff obligé de tout donner en serrant les dents j’arrive enfin vois ma troupe exaltée, je passe la ligne avec Tiag’, quel pied !

6ème, 2nd V1, le 7ème arrive c'est Thibaut, on se serre la pince sacrée bonne bourre, petite revanche sur la Montagn’hard, on échange 2 mots sur ce parcours et les sensations…

Voilà, dernier sms pour le suivi live de mon pote Laurent et le coach…

Après coup, les 3 premiers devaient à priori faire le 128km, ils sont vraiment très fort pour courir aussi vite, le 4ème et 5ème étaient comme prévu plus rapide que moi, c'est logique que tout ce beau monde soit devant, ce qui me fait plaisir c'est la remontée de la 19ème à la 6ème et le chrono entre Arvieux et l'arrivée (3ème meilleur temps).

On peut tous les 5 savourer l’après course avant de rentrer…

Après cette belle course (un poil trop roulante pour mon style bûcheron), maintenant, récup et déjà dans la tête la prochaine, qui devrait ressembler à un tirage de bourre en déambulateur à 4km/h : traverser Belledonne en 130km et 10800md+…comme un léger vertige…

Ps : si vous chercher un coach, chercher plus prenez Julien d’O.S.T.…


Ps : impossible de se perdre, des bénévoles sympas plein la montagne ! Le long doit avoir une belle gueule pourvu qu'il puisse se faire.

quelques photos : ici

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