Euskal : une ultra race

Ce qui fait avancer les traileurs, tu t'allonges c'est fini...carcasse nettoyée en 15min
Les premiers ponts du mois de mai devaient me permettre de repérer l’ultra mais la météo et un gros coup de fatigue en avaient décidé autrement. Au moins on avait pu confirmer la difficulté à circuler sur l’A7 et l’A9, surtout au retour …


Toutes ces heures au volant fatiguent, faut apprendre à le lâcher ce qui n’est pas facile pour le routier que je suis avec ma housse en billes de bois et mon volant en moumoute, seule la nécessité de faire le plein m’arrête, équipé de couche je peux enquiller les bornes sans broncher enfin ça c’était avant, depuis j’ai appris les rudiments de la vie de famille.

Bilan fort de cette expérience routière, après une journée annulée à cause de la pluie, on décide de partir le pire jour, le jeudi de l’ascension, petite hésitation sur le choix qui s’impose : « les prévisions de circulation sur l’A7 sont rouge voir pire », donc comme on est pas des bourrins, on fera sans l’A7… voilà, faut juste se décider : Clermont ou A51, persuadé que c’est plus court on trace par Sisteron pour rejoindre Aix en Provence via l’A51, pour ensuite rejoindre Nîmes par Arles…

Bon je vous la fait courte, on a mis 2h15 de plus qu’en circulation normale par l’A7-A9, travaux sur la route de Sisteron, voitures à 60km/h au lieu de 90km/h, 10km en 1h vers Arles…5h après on est toujours pas arrivés à Montpellier, quelque peu excédés on découvre sur 107.7 que finalement l’A7 présente peu de bouchons, seulement 30min de retard… ok super plan…

Après c’est mieux mais il nous faudra 11h de route non-stop pour arriver après le briefing d’avant course, heureusement mes parents y sont pour me rapporter les infos.

Après avoir récupéré, le dossard, fait contrôler mon sac et posé mon sac destiné à la base de vie du 70ème km, on peut enfin tous se poser pour une nuit courte, couché vers 22h45, endormi vers 1h, réveillé vers 3h, levé vers 3h45, dehors il pleut, la météo annonce « rares averses », je laisse ma goretex dans le mobilhome et pris une veste imperméable légère dans le sac, je pense que les manchons et la veste coupe vent sans manche, peuvent suffirent jusqu’à l’arrivée des éclaircies.

A peine sorti, Manuel le Vendéen très sympa, voisin du camping, que l’on emmène au départ, a sur lui une super veste imperméable, ha là je retourne dans le mobilhome pour mettre la goretex dans le sac.

Peu avant le départ, j’interpelle Txomin et Florent, deux coureurs ayant fait l’Echappée Belle, histoire d’échanger deux mots.
extrait du Road Book
Départ (St Etienne de Baigorry 152m) – Gastigarlepoa : (19,5km 1300md+) 2h27

Le départ est donné au canon, les ruelles sont quasi désertes, il est 5h, ça part vite, je suis bien et file suivre les 10 premiers, par curiosité pour voir comment ils font, je crois reconnaître Oscar Pérez, je le trouve petit, il s’agit en fait de Nerea Martinez Urruzola (20ème au TOR 2013)…Oscar n’ayant pas pris le départ, je l’apprends plus tard.

Après 3km je les laisse à leur rythme et rentre dans ma course, car ça va trop vite.

Mister Romejko a vu juste
En jambe bonnes sensations, il pleut, le jour se lève dans la descente de Jara (812m 5,8km), un coureur coupe tous les lacets, je le rattrape et lui dit ce qu’en pense… il ne bronche pas, devant ça file, je continu ma remontée, on traverse un jardin privé, les propriétaires sont là dans la pénombre à nous encourager à passer chez eux ! Ce n’est pas à Monaco que l’on ferait ça…

A Batiland, mon père n’est pas là, je le connais il a voulu assurer le 1er ravito, le trajet n’étant pas forcément bien indiqué.

En doublant Nerea après Batiland (135m) dans la montée de Larla (16ème km, alti 624m), je l’encourage elle ne réagit pas, le visage fermé, (ambiance race)…si ça se trouve elle s’est vexée …

Peu avant le sommet de la 1ère bosse, 2 mecs se retournent ils passent à droite à travers les fougères, le balisage m’emmène à gauche, ça leur permet de gagner 300m sur moi, je n’aime pas ça, je file tenter de les rattraper, l’un d’eux perd son portable il fait demi tour, il grimace sans doute un sourire (ambiance race).

J’arrive au dessus ravito, aperçois mon père cool, enfin une personne de sympa, je veux pointer avant de faire mon ravito, le mec me fais signe de me ravitailler d’abord (brrr faut se détendre), donc d’abord ravito je dis à mon père que ça part fort, il m’informe du peu d’écart avec le premier (je passe 28ème solo, 13min après Niko). J’ai déjà 52min d’avance sur mes prévisions.

Mon père discute avec Stephane Salerno qui s'occupe des ravitos de Niko D.


Gastigarlepoa  - Col d'ispegy : 11,3km 1000md+ (2h01)

Je repars avec Nerea devant, je la double et met ma goretex,  je ne la quitterai plus jusqu’à l’arrivée, quelques spectateurs sympas dans la montée d’Iparla (1044m), le brouillard commence, ça cause pas dans la montée, tout le monde va vite.

Je suis bien à la sortie du goulet, à une bifurque je suis une piste, personne devant moi, puis un duo d’espagnol courent en sens inverse, ils me font signe de faire demi tour, on a raté la bifurque mal balisée, en remontant je peux voir 10 coureurs me passer, les boules, je force mon allure pour retrouver ma place je croise ainsi Florent et redouble Nerea.

On se suit, le balisage longe la crête dans le brouillard on distingue la falaise à gauche, le sol est composé de rochers et de boue, faut faire gaffe. Un groupe de coureurs en contre bas sur notre droite, ils ne suivent pas le balisage, ils courent plus vite car leur sente est moins caillouteuse, j’ai bien les boules et force pour qu’ils ne me dépassent pas, ils sont un peu énervés quand ils finissent par reprendre le balisage, ils veulent me doubler, mais ce n’est pas évident, beaucoup de cailloux, j’en laisse passer deux et le 3ème ne suit pas.

Je suis toujours bien et déjà on descend sur Ispeguy, les spectateurs nous applaudissent, c’est sympa, mon père est là, on est d’accord pour dire que ça va trop vite, j’ai déjà 1 heure d’avance sur mes prévisions. Après 30km et 2200md+, je suis 22ème à 38min du 1er et 11min de Txomin.

toutes les photos ont été prises en Suisse, c'est pour illustrer non je déconne elles sont du samedi dans un secteur voisin de la course

Col d'ispegy – Aldudes : 14km et 800md+ (2h08)

Florent repart devant moi suivi de Nerea, je les dépasse. Ensuite, plus tard, je ne sais plus trop quand, deux coureurs me doublent Marc et son pote, je trouve le parcours nettement moins intéressant, la pluie tombe toujours, la descente présente quelques parties sympa plus techniques dans les sous bois, je me prends une belle gamelle, galipette au sol, bosse sur la tête et trou dans la goretex, la voilà baptisée…

J’arrive à Aduldes par la route, j’aperçois au loin Marc et son pote et me retourne régulièrement, personne n’est en vue, je me sens très en forme et ai hâte de revoir mon équipe.

Ils sont tous là, c’est cool, je pointe, le classement n’est pas clair, car la liste donne les solos + les duos, les bénévoles doivent identifier le nombre d’équipes pour ensuite faire une soustraction et me donner le classement réel, je n’ai pas le temps d’attendre et file éparpiller ma veste, mon sac pour que Céline me remplisse la poche et me file ma bouffe, ça me fait du bien de leur parler.

Les coureurs sont toujours à bloc et je cours seul, personne avec qui faire la course, c’est trop roulant, ça commence à me saouler, trop rapide et pas d’ambiance « ultra » pour le moment, sauf avec mon équipe qui est à fond. Je demande un café, un long moment à attendre, ma mère me donne des bananes, Tiago me demande s’il peut prendre un morceau d’orange pour faire une bouche de monstre sans dent.

J’arrive à boire un bon thé, le café fini par arriver il est trop chaud, pas le temps d’attendre qu’il refroidisse, les autres coureurs arrivent ou sont déjà repartis, les quelques spectateurs-suiveurs applaudissent c’est très sympa. On se donne rendez vous avec Céline à Urkiaga, je suis bien remonté maintenant !

Déjà 45km, 3300md+ je suis 19ème et ai repris du terrain sur Txomin qui est à 8min devant. J’ai 1h08 d’avance sur mes prévisions du coup de la marge pour les ravitos.


Aldudes - Urkiaga (ESP) : 14km et 1000md+ (2h18)

Ca repart par la route, 5 coureurs me suivent dont des duos, la route monte j’alterne petits trots et marche et j’arrive à les tenir à distance jusqu’à une partie plus raide, il pleut moins ou plus, ça grimpe assez bien au début, puis ensuite c’est des pistes, je n’arrive pas à déterminer le sommet de la bosse, la pluie tombe à nouveau, le parcours est moyen sur ces pistes.

La descente en sous bois est plus sympa, mais ça reste très roulant, faut rien lâcher pour garder la place, je ne sais pas trop d’ailleurs à quelle place je suis, mon portable est passé en mode avion tout seul, je suis en Espagne et je ne sais plus comment le remettre en mode normal. Heureusement ma sœur et mon frère font leur max pour informer mon équipe des écarts et de mon classement.
J’arrive à bloc au col d’Urkiaga, je découvre Nerea devant moi, elle était donc repartie avant moi d’Aduldes, ça rigole pas des masses, le rythme de la course est soutenu, surtout sur les ravitos, j’ai l’impression d’être sur un stand de formule 1, tout se fait à fond. Céline est là, seule, on échange quelques mots, elle me soutient à fond, heureusement qu’elle est là, je commence à en avoir marre de l’ambiance coureur.

Mon lecteur Mp3 n'a pas tenu, pourtant il devait durer 70h. Au ravito je branche le chargeur ça tiendra jusqu'à la fin de la course.

Sans en avoir la sensation, j’avance encore assez vite, 60ème km (4000md+) je suis désormais 13ème, 1h17 d’avance sur mes prévisions. Txomin avance fort et creuse l’écart, il est à plus de 13min, décidément je ne vais pas pouvoir le revoir comme ce fut le cas à l’Echappée Belle, Céline et mes parents l’ont vu, il est en forme avec ses longues jambes il fait des pas de géants, moi je mouline en comparaison.


Urkiaga (ESP) – Urepel : 13,6km et 800md+ (2h14)

Regonflé à bloc, je repars sans la goretex mais je la remets vite il pleut sévère en montant à l’Adi (1457m), je viens de doubler Nerea, elle met aussi sa veste, deux coureurs la suivent, devant moi, personne en vue, sauf le brouillard et la pluie qui tombe à l’horizontale, la capuche me protège un peu, mais les mains sont glacées, je crois voir de la neige. Manuel le Vendéen me dira qu’il aura pris à cet endroit de la grêle.

Dans la descente, bien raide, je ralenti pour limiter la casse, Nerea profite d’un de mes arrêts pipi pour me dépasser, elle reste à 200m devant moi, je suis relax, j’écoute « on va se gêner » parfois des comptines pour enfant passe (gardée du du temps où Tiago était bébé), c’est un grand bazard dans mon lecteur mp3, j’ai oublié de me faire un répertoire spécial ultra-course-F1, donc autant dire je suis loin de l’ambiance warrior, ça me permet de me relâcher et de faire passer les kilomètres.

On fini par sortir du brouillard quand un coureur nous gueule dessus, je me retourne, on a raté la bifurque, Nerea qui gueulait déjà en tombant dans la descente, là j’image sa colère, moi je n’ai pas trop à remonter pour rattraper les deux coureurs, il s’agit de Marc et son pote.

Je les suis jusqu’à Urepel, pressé d’arriver, ras le bol du mauvais temps j’arrive à la base de vie toujours quelques personnes bien sympathiques applaudissent les coureurs sous la pluie. On rentre vite dans le bâtiment pour me changer, au pointage je n’ai pas mon classement, mes parents et Céline me le donne mais je n’arrive pas à percuter (14ème), je retiens que Txomin est à 17min (merci kikine pour le suivi live). 72km 4800md+ 1h23 d’avance sur mes prévisions.

L’ambiance course me déplait, personne ne se parle au ravito, tout le monde est à fond, j’en ai marre, mais pour le reste je suis en forme et arrive à m’alimenter hyper bien, c’est la motiv qui baisse, je passe un bon moment avec mon équipe ça me fait du bien, je ne prends quasi rien au ravito, pas envie d’attendre le plat chaud, car je vois les coureurs repartir et arriver sans arrêt ça me met la pression pour repartir au plus vite. En sortant de la salle je croise à nouveau Florent on se fait signe, cool.

Je repars avec des chaussures et chaussettes sèches et un haut plus chaud et sec, dans le sac j’ai ajouté un collant au cas où le froid arrive, mon arrêt n’est pas trop long, 18min41s, Niko Le Lémurien (vainqueur) aura fait un arrêt de 17min, Txomin 25min10s et Nerea 9min44s. Je suis en sortant d’Urepel 13ème.

En repartant au pointage de sortie, je demande si je suis toujours 30ème (juste pour voir la réaction), on me le confirme…


Urepel - Roncevaux (ESP) : 16,2km et 1000md+ (2h28)

J’ai un peu les boules de repartir aussi vite, mon cuissard est gelé, il pleut un peu, un coureur est devant moi à 2 ou 3min, j’hésite dans les dernières maisons à me mettre à l’abri pour mettre mon collant sec, mais je ne trouve pas d’abri, alors je poursuis, dans la première montée après la route, mes muscles sont à nouveau chauds, je n’ai plus la sensation de froid sur les jambes, personne semble me suivre à vue et le mec devant n’ai plus visible.

Je découvre le terrain une nouvelle fois, c’est un chemin large qui chemine dans une jolie forêt, je croise deux vaches et passe très près des pates arrières, « un coup de pied et je serai pulvérisé et réduit en miette » donc je marche cool pour ne pas les effrayer.


Un moment j’aperçois le fond de la vallée, très jolie et aussi bien escarpée, « est ce que l’on passe la dedans ? », j’ai la réponse au fur et à mesure des kilomètres, non l’itinéraire contourne par la droite, je fini par sortir de la forêt et atteindre les prairies dans le brouillard, déjà 6km depuis Urepel, un 4 x 4 et deux bénévoles insistent pour savoir si je suis sûr de continuer car je leur dit que j’en ai marre, toujours personne en vue, je leur demande à combien se situe le Col de Los 2 Puentes, mon accent espagnol est bien pourri et inapproprié au Pays Basque, bilan on se comprend pas alors je fini de franchir la clôture pour prendre pied sur une piste qui me mènera à Roncevaux sur quasi 10km, sans que je ne puisse identifier le fameux col.

Toujours pas vu le Jabby sur son vtt ni the JMB's Family.

C’est roulant plein de flaques d’eau, pas une partie très fun, sur la fin je rattrape un coureur, il marche et semble fatigué, je l’interpelle car après 2h20 sans voir personne j’avais bien besoin d’échanger 2 mots sous cette pluie, mais quand je lui demande comment ça va, il me regarde sévèrement, pas bien content, sûrement dans le dur, ténébreux… caractère bien trempé comme mes chaussettes. Je ne traîne pas et déjà je vois Nerea et un autre coureur devant à 200m, cool un peu de motiv, moi qui avait le sentiment de me trainer finalement j’avance bien.

Je rentre dans le bâtiment bien chauffé, Céline me bichonne, un peu de douceur dans ce monde de bruts, ça fait pas de mal, au contraire.

Je suis 12ème en solo (je n’arrive pas à le calculer) et 18ème au général (avec les duos ; seul classement accessible). Là encore j’explique à Céline mon ras le bol, la météo, le parcours avant Roncevaux pas top et toujours pas de contact autre que Florent, ça me gonfle pas mal. Elle me remotive, je suis toujours à 17min de Txomin. Je me change pour plus de chaleur, mets ma frontale en prévision de la nuit, je repars sous la pluie vers 19h, à peine sortie de la place, je pisse une fois de plus, je dois trop boire.

Déjà 89km et 5700md+ il me reste 54min d’avance sur mes prévisions.

Roncevaux (ESP) – Arneguy : 18,5km et 700md+ (3h09)

Je sais que Nerea est repartie devant moi et quand je suis arrivé trois coureurs repartaient groupés, si je marche toujours aussi bien en montée, j’ai l’espoir de les reprendre.

Bien motivé et au chaud, j’ai les jambes molles, comme si l’absence de compression me provoquait une sorte de relâchement, bizarre, j’avance à grands pas au son de Ruquier histoire de rigoler un peu et de me détendre, je croise sur ce chemin de Compostelle, les pèlerins qui sont dans un drôle d’état, leurs énormes chaussures et leurs sacs les font souffrir. En sortant de la forêt, de nouveau du brouillard et encore une piste détrempée, un 4 x 4 me double et m’interpelle sur mon état, je le rassure.

Je n’ai pas réussi à rattraper les autres avant Aste Bizkar (91km), quand un coureur me fait sursauter, c’est Florent qui a fait une grosse remontée, il avait 17min de retard en sortant d’Urepel, il me dit avoir retrouvé ses jambes, on court ensemble quelques minutes, puis dans la descente il me devance, je ne le reverrai plus.

De mon côté, ça part mal, une tendinite aux releveurs gauche commence à me faire mal. Pour éviter d’appuyer sur mes ampoules, j’ai un mauvais mouvement. J’amorti tout en talon, ce sont les quadri qui amortissent toutes les descentes, ça fini de les flinguer, et je ne déroule pas correctement le pied, toujours pour éviter l’appui sur les ampoules aux doigts de pied je lève d’abord l’avant du pied au lieu de lever le talon.

La descente après une partie bien raide, finie sur la route avec quelques remontées, personne ne me suit de visus et Florent n’est pas visible, il voulait arriver avant la nuit, pour ma part ces quelques km de route achève mon moral, dans la douleur, j’arrive bien entamé à Arnéguy, les spectateurs m’encouragent encore une fois ça fait du bien, je retrouve enfin mon équipe, j’ai envie d’arrêter là, déjà 107km et 6500md+ dans les pates, plus que 16min d’avance sur mes prévisions.

La tendinite m’inquiète, je sais que je ne peux plus jouer à rattraper les autres, je vais surement subir la fin du parcours. Je suis 14ème mais je n’arrive toujours pas à l’intégrer à cause du calcul qu’il faut réaliser, car on m’annonce au pointage 20ème, ce qui ne m’encourage pas à me battre. Je traine peut être un peu trop dans la salle, à discuter et me plaindre.

Mais bon ça me fait trop chier d’abandonner même si je n’ai plus trop de plaisir, je veux finir, les sensations pourraient revenir, en partant je me plante en pensant qu’il me reste 19km de montée et 3km de descente, c’est en réalité 11km de montée.

Arneguy – Ehuntzaroy : 11km et 800md+ (2h20)
Je repars dans la nuit, mon équipe est là, ils ont été au top toute la course, toujours présent et toujours motivés et aux petits soins, je peux rien avoir de mieux, alors merde faut finir cette course, on a pas fait toutes ces bornes pour rien, j’ai pas le droit d’abandonner sur un coup de moins bien, faut y aller, 22km et 1000md+, ce n’est pas si énorme que ça !!

Alors feu, j’avance sur mes ampoules de pied qui ont au moins le mérite de me maintenir éveiller, 6 doigts de pied avec une
sensation de punaises enfoncées dans la chair, et une de plus de plantée dans le début de la voute plantaire qui fait un peu plus mal que les autres…


C’est aussi le moment d’arrêter d’écouter « un, deux, trois, trois petits chats » ou « un petit canard au bord de l’eau » ou
les blagues de Bénichou, je passe en mode Zic à juju, faut que je me booste, j’avance, pas à pas et me fais doubler par deux coureurs, je les interrogent sur la suite c’est là que j’apprends que c’est 11km de montée, ça me rassure, par contre je n’arrive pas à marcher aussi vite qu’eux.

En sortant de la forêt, les frontales se retournent, j’ai l’impression que 3 coureurs partent à droite sur la crête me laissant deviner une montée, le balisage lui m’emmène à gauche, j’ai un doute, ont ils pris une coupe ? Je n’en sais rien, mais j’avance encore et encore, les deux qui m’ont doublé m’ont permis finalement de rattraper 2 coureurs, je les retrouves au ravito de Ehuntzaroy, il est 00h30. Je suis encore 14ème avec 3 petites minutes d’avance sur mes prévisions. 117ème km et 7400md+.

Les bénévoles me proposent du whisky, ça détend l’atmosphère, je refuse sous peine de coma, je déconne sur le beau temps, il y a 3 coureurs assis j’interpelle Marc en le remerciant pour le cri qu’il a poussé dans la descente d’Adi au 65ème km (vers 15h), on discute un peu, enfin une ambiance « ultra ». Je leur dis qu’ils doivent être bien classés en duo, mais il me répond qu’ils sont en solo avec son pote et courent ensemble. Les bénévoles nous indiquent qu’il reste 13km dont 7km jusqu’au dernier ravito d’Adarza.

Ehuntzaroy – Aharza : 6,2km 300md+ (1h34)
mais oui on a vu que tu avais raison...
Je quitte le ravito 2min après les 3 coureurs, je sais que je vais finir, alors le moral remonte, je ne sais plus combien je suis classé, les bénévoles m’invitent à saluer ceux qui sont installés plus loin pour un dernier pointage manuel.

Avant d’arriver sur ces bénévoles, je rattrape les 3 coureurs, seul Marc est en forme, on fini tous les deux, son pote décroche ainsi que l’autre coureur.

Peu après avoir croisé ces fameux bénévoles, bien courageux d’être si précairement installés dans le noir, j’entame une descente raide et glissante, je glisse sur le cul pendant que ma 1ère batterie me lâche, elle aura bien tenue 3h au lieu de 7h, je la remplace, Marc me double, il est plus à l’aise en descente raide.

Personne nous suit après quelques km, on croise encore des bénévoles et je fini par retrouver Marc au dernier ravito après 6,2km, mon gps prenant un point par minute à tendance à réduire les distances, mais je ne vais pas m’en plaindre.

On est content de se revoir, je lui tape la main pour lui dire que c’est tout bon on va la finir cette course, il me demande si j’ai vu son pote, je lui ai dit qu’il avait le masque quand je l’ai dépassé, les bénévoles sont bien tranquilles, pas énervés, ils me versent un verre de leur café.

24min de retard…


Aharza - Arrivée (St Etienne de Baigorry) : 5km avant la ligne (47min)
J’invite Marc à finir et repartir avec moi, il est ok, on est content car les bénévoles nous indiquent qu’il reste seulement 5km toujours un petit peu plus court. Marc connaît le terrain, il me dit qu’on va avoir 1,5km à niveau, puis ce sera la descente.

Alors on trace, il part devant je le suis comme je peux, toujours personne derrière nous, encore 2 bénévoles que je salue, 50m après ma 2nde batterie censée durée 7h me lâche, elle a rien duré, je prends ma frontale de secours, Marc lui n’est plus visible. Je file avec la crainte d’être rattrapé, puis au gps je décompte les derniers 2km, j’accélère pour en finir, en passant le pont en pierre de St Etienne de Baigorry j’ai enfin la sensation d’avoir fini, je sprinte (enfin après 130km je sais pas si ça y ressemble), content d’en finir en 21h48 (17ème), Marc est là on est content de partager cette arrivée, Céline est là aussi dans la nuit froide elle m’attend, fin de la partie.

Je lui confie vouloir arrêter les ultras, ras le bol de ces tendinites systématiques, elle ne me croit pas et me prend en charge, je suis déjà complètement crispé musculairement et le froid me saisi, mes ampoules au pied éclairent la route !

Niko le Lémurien gagne en 17h21, Txomin fini 7ème en 20h24, Nerea 10ème en 20h46 et Florent 13ème en 21h31.

Apocalypse piépabô
Bilan, mitigé, bonnes sensations physiques jusqu’à Roncevaux (86km, 12ème) car depuis le 1er ravito (28ème) j’arrive toujours à remonter les coureurs qui partent avant moi et j’en double 16. Puis à partir de Roncevaux, la lassitude liée aux pistes forestières, la météo et le peu de contact avec les autres coureurs, me pèse de plus en plus, du coup je reste plus longtemps aux ravitos. A Roncevaux, je perds 1 place au ravito, puis ce sont les quadri qui fatiguent à cause de ma tendinite générée à cause de mes ampoules, tout est lié, cela me coute 1 place dans la descente à Arneguy.

A Arneguy la somme de tout ça me fait prendre une nouvelle pause longue qui me coute 3 places, la course toujours la course, faut pas se relâcher. Mon esprit est déjà dans les prochaines courses, je n’ai pas envie de trop forcer sur la tendinite pour compromettre la suite et suis bien dégouté d’avoir eu une nouvelle fois une tendinite au releveur, je pense avoir compris pourquoi, faut trouver une solution pour les prochaines courses.

Je commence à comprendre que 130km ça se court comme 30km, pas à la même allure, mais y a pas de temps à perdre, mes parents et Céline me font un super retour sur ce qu’ils ont vu des premiers concurrents. Ils ont assuré comme des boss, ravitos aux petits oignons, très efficaces et toujours réconfortants,  le relais avec le suivi live a été nickel, faut juste que j’apprenne à compter et à retenir les chiffres.

Niveau bouffe, pas de souci tout est bien passé, j’ai peut être trop bu (9,8litres).

L’entrainement conséquent depuis janvier, fait que je commence à intégrer le fait que courir 130km avec 8000md+ ça fatigue mais que désormais la question n’est plus savoir si je vais finir, mais de savoir comment faire pour pouvoir relancer toute la course. C’est un peu barge quand j’y pense…

3 compétitions en 2 semaines ça été bon pour me rassurer mais j’ai peut être manqué de niaque sur l’Euskal trail.

Samedi matin vers 8h je me lève, mon portable me semble moins compliqué je peux enfin le remettre en mode normal et reçoit tous les messages, près de 50 sms... merci même après ça fait plaisir.


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