La Traversée
Warm-up :
La préparation de cette
course a été compliquée par une tendinite (TFL) au genou droit,
qui s'est réveillée le 30 mai. L'absence d'étirement et de grosses
sorties ont rendu les contractions musculaires trop importantes, le
tendon a fini par devenir trop douloureux.
Pas trop tard pour se
refaire une santé mais cela complique sérieusement l'entrainement,
le 7 juin la tentative de traversée Chambéry – Chamonix, imaginée
par Florent pour faire une grosse sortie en équipe en guise de
préparation de La Traversée Chamonix – Briançon ne fait que
confirmer la persistance de cette tendinite, au 27ème km
sur les 130km prévus, je suis obligé d'arrêter, je n'arrive plus à
descendre correctement. Je les abandonne dans les Bauges, bien les
boules, je sors du massif en stop jusquà Chambéry, le train étant
tard pour Grenoble, je tente en vain un retour en stop jusqu'à
Grenoble, ça n'avance pas des masses, 5h après mon abandon Céline
me récupère au Touvet.
Pendant ce temps, Mickaël
et Florent poursuivent jusqu'à Alberville où ils renoncent à
poursuivre, la chaleur ayant mis à mal Florent et surtout les orages
grondent déjà sur la suite du parcours (Beaufortain). Je les
rejoints pour les ramener en voiture à Chambéry.
Finalement cette sortie
nous aura permis de lancer la dernière ligne droite dans les
préparatifs, on se retrouvera une fois avec ceux qui feront
l'assistance, Grégoire, Fany et Michel.
De mon côté le kiné
conseillé par Florent et Fany fait un bon taf à base d'étirements
qui me laisse entrevoir une reprise possible. J'ai aussi du m'équiper
de nouvelles semelles orthopédiques.
Bref, je peux tenter une
reprise le 14 juin en douceur, c'est court mais je n'ai plus beaucoup
de temps pour me refaire du volume. Aucune douleur à signaler, c'est
donc avec 2 séances de kiné par semaine que je reprends jusqu'à la
Traversée.
Plus les sorties
s'allongent plus la confiance revient, en 2 semaines je cumul 14000m
de dénivelé notamment avec une grosse sortie reco sur l'UT4M
Vercors avec Mickael, qui fera cette course ainsi que celle de la
Chartreuse.
De mon côté tous les
voyants reviennent au vert, juste l'appréhension que la douleur
revienne donc ce sera à une allure relativement cool que j'entamerai
La Traversée.
La Traversée Chamonix
– Briançon :
Le 2 juillet on trace
avec Céline et Tiago à Chamonix, à 20h on retrouve Mickael et son
père, je leur confie mon matériel et ma bouffe pour les différents
ravito, tout est bien, il fait beau encore chaud et ce sera ainsi
durant toute la Traversée. C'est mieux que les orages, la pluie,
grêle ou neige que certaines équipes ont subi.
Pour nous ce sera une
nuit confortable à l'hôtel avant le départ programmé à 7h.
La nuit est suffisante,
Michaël me récupère sur la route où je trottine en direction de
Chamonix. Rencontre avec les représentants de l'association
Locomotive, ils nous suivront sur le parcours pour nous encourager,
ce qui est un réel bonus pour nous 3.
Départ – Ravito 1
(43,2km) : la canicule arrive
Le départ est donné le
vendredi 3 juillet à 7h, Chamonix est presque désert, seuls des
Japonais prennent des photos de tout (fleurs, vitrine) mais pas du
Mont Blanc…
Il fait déjà chaud,
l'ambiance est détendue entre nous, on entame avec prudence, sans
trop forcé on est dans les prévisions, l'objectif étant si
possible de s'approcher des 43h, pour déconner je lance l'idée
d'arriver avant dimanche. Devant nous sont annoncés 200km et
12900md+, sans doute moins.
Aux Houches, on est au
pied de la première montée qui mène au col de Voza (13km), je suis
prudent sur cette première bosse, j'envoi des sms. Au col on bascule
sur Bionnassay (15,2km), j'ai besoin d'eau car je bois beaucoup, le
hameau suivant je reprends 500ml, jusqu'aux Contamines je suis à un
rythme d'un litre par heure. On trouve heureusement beaucoup de
fontaines.
La première difficulté
se présente en bout de vallée à partir de ND de la Gorge (27,4km),
on entame la montée vers le Col du Bonhomme, la chaleur est très
forte, Florent n'aime pas ce début de montée en faux plat qu'il a
déjà réalisé plusieurs fois, pour moi je découvre et suis
content du paysage, les jambes répondent bien, on double plusieurs
randonneurs jusqu'au refuge de Croix du Bonhomme (37,2km). Déjà
6h28 de course, on est toujours dans la bonne fourchette de chrono.
Florent s'allonge à l'ombre les jambes en hauteur pour récupérer.
Puis on poursuit sur les crêtes de la Gîte, Florent prend les
devant dans la descente vers le premier ravito, je ralenti car j'ai
quelques petites douleurs. On arrive groupé au ravito (refuge Plan
de la Lai 43,2km - 7h24), bien content de nous asseoir. L'association
est présente comme à ND de la Gorge, l'assistance est au top, les
deux fourgons sont très pratiquent, on est bichonné. Il fait très
chaud, Florent a du mal à repartir, il nous met en garde sur la
chaleur et le rythme de course et nous incite à la prudence.
Ravito 1 – Ravito 2
(79km) : La canicule gagne
On poursuit à travers
les alpages, il n'y a plus de randonneurs, on est seul en montagne,
Mickaël mène le groupe, les points d'eau sont plus rare,
heureusement des ruisseaux nous permettent de nous rafraichir le
corps, indispensable pour nous refroidir. Sur le bord d'un ruisseau
j'oublie mes lunettes de soleil, Florent m'incite à y retourner,
Mickaël est loin devant, je préfère les laisser et poursuivre La
Traversée, elles sont à plus de 500m, ça me ferait perdre beaucoup
de temps.
Au loin le col du Bresson
(52,8km) nous nargue, il paraît bien haut et interminable à côté
se pose la Pierra Menta, en face du rocher du Lion.
Mickaël et Florent
temporisent dans ce cagnard on fini par basculer sur l'autre versant
(passage du col en 10h15 on est plus dans le tempo mais c'est encore
bon), au refuge de la Balme (57,3km 10h45) on fait un petit bilan,
Florent n'arrive plus à boire ou manger, Mickaël a des difficultés
mais arrive malgré tout à se ravitailler. Je file 10euros à
Florent pour un coca, il vide son camel car il ne peut plus boire, la
chaleur est intense et comme on doit descendre à Valezan (64,4km) ça
risque de faire encore plus mal.
Dans cette longue
descente, la vallée est sympa on l'avait déjà trouvé bien longue
avec Eric en 2006 dans notre période pré-split, autant dire la
préhistoire. On avait plié un joli petit couloir tout en débattant
de la constitution européenne et de Nicolas Hulot, comme quoi, on
n'est pas que des têtes écervelées assoiffées de peuf, enfin ça
reste à vérifier.
Là ce n'est pas la même
musique la chaleur brule, Florent gère au mieux, Mickaël se refait
une santé.
Peu avant Valezan on
retrouve nos accompagnateurs et on arrive bien content à la fontaine
(12h06 on a 1h de retard sur nos prévisions). On se rafraichi,
Florent ne va pas bien, son estomac renvoi tout le liquide bu, ça
craint mais je ne sais pas pourquoi je reste persuadé que le dragon
va se réveiller.
Plus bas dans la vallée
(pont de Bellentre 66,6km), Mickaël est au top il mène la troupe,
Grégoire s'est joint à nous pour accompagner Florent, qui n'arrive
plus à s'hydrater ou manger.
Après Landry (71km
13h07), dans la dernière montée qui doit nous mener au 2nd
ravito celui de Rosuel, là où l'on a prévu de faire une longue
pose de plusieurs heures pour manger et dormir (devenue encore plus
indispensable pour Florent), Grégoire est inquiet, à juste titre.
Au 72ème km, il me rejoint et m'annonce que Florent est
allongé, épuisé (13h43 de course).
Je préviens Mickaël et
fais demi tour, on retrouve avec Grégoire Florent dans un état de
fraicheur pas top-top, il ne peut pas rester comme ça minimum faut
rejoindre la route au dessus de nous pour les secours, je prends son
sac, ses bâtons et commence à le tracter, Flo donne sa montre à
Grégoire, il ne veut plus voir la vitesse, je le tire jusqu'à
Mickaël qui le pousse et enfin on pose les pieds sur la route.
Maintenant si ça se
passe mal, les secours peuvent venir, Florent décide de continuer,
sur la route ça va mais dès que l'on reprend pied sur le sentier
qui monte, il bloque, je le tracte, un peu perdu dans les distances
je reste persuadé qu'il reste 4km, c'est bien plus en réalité.
Mickaël a compris que Florent ne pouvait pas continuer, toujours
dans mes erreurs de distance je m'acharne à le tracter mais au
village du Moulin (75,2km 14h27), Florent s'arrête, épuisé, il a
été au bout du bout, trop dangereux aussi, en cas d'hyperthermie,
ça peut vite dégénérer. Grégoire prévient ceux qui nous
attendent à Rosuel.
Florian de l'organisation
arrive, me retire la balise et nous explique que suite à des
réclamations d'équipes à 3, la balise n'est pas laissée cette
année pour les équipes incomplètes, on est bien dégouté qu'ils y
aient des mecs pour réclamer le retrait d'une balise alors qu'à
partir du moment où l'on n'est plus 3 on sait que l'on est
disqualifié pour le classement mais reste quand même le challenge
de finir le parcours à 2 ou seul. Bref, sur cette discussion Mickaël
renonce à poursuivre.
Grégoire bien cool est
ok pour m'accompagner dans la nuit jusqu'à Rosuel où l'on retrouve
4km plus loin toute l'équipe, Florent va mieux il a pu manger chaud
et se décontracter l'estomac comme sur la Diag', le lendemain aurait
aussi été très dur avec les 40°c annoncés, la vallée de Modane
nous aurait fait mal.
Je décide de les laisser
à Rosuel (79km et 4212md+ 15h32) à où ils passent tous une nuit à
la fraiche, Florian me ramène au péage de Chambéry où m'attend
Céline, je la rejoints après une dernière traversée de péage
avec tout mon chargement, je suis du mauvais côté de l'autoroute,
il est 1h du mat'. Fin de l'aventure. Le lendemain on rejoint par la
route mes parents à Névache.
Les équipes qui
partiront aussi sous la canicule s'arrêterons à Rosuel, cette année
au 12 aout, 3 équipes sont allées à Briançon
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