Ut4m 90 dernière sortie longue
A 3 jours du départ,
j'entame ma recharge glucidique pour cette dernière "rando-course"
d'avant TOR, niveau allure ça sera à la sensation, de "à
bloc" à "mode rando", pas de pression particulière,
le TOR me bouffe déjà pas mal de nuits à calculer les étapes, les
ravitos etc, qu'est ce que ça me prend la tête cette course. L'UT4M90 me paraît vraiment très simple en comparaison, faut dire j'ai
été voir tout le parcours sur 4 sorties pour me remettre en tête
certains chemins et découvrir d'autres sentiers. Bilan c'est roulant
sauf deux ou trois bosses qui permettent de marcher, heureusement.
Me voilà donc sur ma
dernière semaine, assez relax vis à vis de l'UT4M et déjà en
train de gamberger sur le TOR.
Le mercredi commence donc
le gavage d'oie à base de pâte et de malto et c'est aussi la
dernière sortie à pied sur le Rachais qui au lieu de me rassurer me
tord le bide de douleur, les intestins en vrac, je suis le soir
complètement HS et dégouté, … Alors que la veille sur ma
bicylette, ça allait pas trop mal pour ce que je peux faire sur 2
roues non motorisées.
Le jeudi je découvre que
la malto est périmée depuis mars, alors que je l'ai acheté fin
juin… le vendeur comprend l'erreur et corrige le tire. Bon niveau
fatigue là je suis bien cramé, j'hésite à faire la course.
Le vendredi commence pas
au top, la pression monte, si je rate cette dernière sortie longue
je vais me prendre la tête à coup sûr pour le TOR et faut que je
fasse cette course pour ensuite passer en mode cool pendant 3
semaines. Après avoir revu mes temps de passage à la hausse, je
récupère mon dossard laisse un peu de matos pour les Malgaches et
rentre préparer le soir mon matériel.
Le samedi après une
nouvelle nuit de gamberge, je ne sais vraiment pas comment je suis,
les jambes sont reposées, les intestins gargouillent un peu moins,
la tête cogite trop mais j'ai assez de motivation pour boucler le
parcours, surtout pour passer ensuite à 3 semaines cool.
Départ - Croix de Chamrousse (21km).
Céline me dépose à Uriage et m'assure les ravitos à la Croix de Chamrousse, Freydière, St Nazaire et le col de Vence. Elle fera même le Sappey, je ne peux pas avoir mieux. Pour se coordonner j'ai préparé deux tableaux, un mode "speed" et un mode "légume" avec 2 heures d'écarts.
Dans un premier temps je
me suis basé sur la course de Gabriel Beraud qui m'étrille
régulièrement à la Bastille, il est clairement plus fort en
descente, comme pour la Restonica avec Guillaume Bernard ça me donne
des temps de référence et me permet de marcher dans leurs pas sans
m'occuper des coureurs. Le plan de bataille "légume" c'est
plus pour finir sans abandonner.
L'échauffement est
sommaire comme d'habitude, ça me permet de croiser les autres
coureurs, dont Arnaud Lejeune, la course est pour lui, il devrait
logiquement se tirer la bourre avec Rachid Elmorabity. Je ne vois pas
Sébastien Nain. Je me pose sous l'arche en première ligne histoire
de voir les favoris, devant moi, un coureur de noir vêtu (va avoir
chaud le bonhomme) semble prêt à en découdre, je ne sais pas
encore qu'il s'agit de Jean Soulès, avion de chasse.
Le briefing permet
d'apprendre que le parcours est modifié à cause de la course
automobile de Chamrousse. J'imagine qu'on va tracer directement à la
Croix depuis Recoin sans passer par l'Arselle, ce qui serait pas mal.
Le départ est donné, je
pars avec les 4 premiers pendant …500m, jusqu'à la première
bosse, bon ça cavale trop vite pour moi, Robin Lamothe me double (ha
! encore un avion). 2km autour du parc en guise d'échauffement avant
la longue montée à la Croix de Chamrousse. Je me fais doubler par
beaucoup de coureurs, je ne suis pas mécontent d'être là vu mon
état de mercredi, la route est longue alors no stress et je suis
content d'être déjà à 100% dans la course au moins je ne cogite
plus sur le TOR, une petite respiration mentale …
La montée permet
d'alterner marche et course, chacun sa stratégie, des coureurs me
suivent, on croise un bénévole qui nous annonce 8ème,
9ème et 10ème . Bon je passe assez vite 9ème , 10ème
, 11ème , 12ème , puis 13ème
et à Recoin ça se stabilise à peu près avec 6 coureurs à mes
trousses.
Finalement le tracé ne
va pas directement à la Croix de Chamrousse mais rejoint Roche
Béranger puis l'Arselle où un point d'eau permet de refaire les
niveaux. Ensuite et enfin on commence à toucher du caillou, en
passant par le Lac Achard. Je poursuis à mon allure sans me cramer
et commence à doubler des coureurs, certains s'énervent et me
redoublent en se mettant bien dans le rouge pivoine, je laisse faire
et on arrive assez serré à la Croix de Chamrousse après 21km et
près de 2200md+. Céline me ravitaille vite. (3h08 de course).
Je suis désormais 6ème
très satisfait, le 5ème est à 10min devant moi, parmi
ceux qui me suivent il y a un V2 qui avance bien vite, Philippe avec
qui j'ai discuté un peu à la montée. Niveau timing malgré le
classement je suis dans les horaires de mon tableau "légume",
on a fait 5km de rabe. A partir d'ici, le parcours est identique à
celui de 2014, ça me permet de comparer mes temps de passages.
Croix de Chamrousse - Freydière (38km).
Je trace vers les Lacs
Roberts, pressé d'aller me cacher en courant dans le massif pour
éviter d'être pris en chasse par mes poursuivants. Dans cette
descente je croise Guillaume Bernard, très content de le voir, il
m'encourage et ça marche. Je commence à bien la sentir cette
course, pour le moment tout est positif.
Gabriel avait mis en
2014, moins d'une heure pour rejoindre La Pra, j'essai de voir ce que
je peux faire à mon tour. Tout se passe bien, j'encourage les
coureurs du 160km qui souffrent dans cette partie. On est samedi vers
12h, ils sont partis vendredi à 8h, ils ont 90km dans les jambes. Il
fait beau pas trop chaud, le terrain est nickel pour ma foulée de
motoculteur, assez de caillasses pour ralentir les coureurs peu
habitués.
Au refuge de La Pra j'ai
repris 6min au 5ème, je prends 1 litre d'eau et file vers
le Grand Colon, pas mal de randonneurs et de coureurs du 160km mais
j'aperçois désormais le 5ème, dans cette montée à
2400m mes poursuivants son un peu plus bas mais faut pas que je me
relâche.
Sur la crête sommitale,
en basculant dans la descente à proximité de coureurs du 160km en
mode sieste, je sais que j'ai 15km de descente jusqu'au Versoud avec
au milieu Freydière où m'attend Céline. Mon frérot assure la hot
line avec internet, en la renseignant sur les pointages où elle ne
peut pas être, c'est tout bon, je sais que ça communique le
téléphone rangé au fond du sac vibre quand le réseau passe.
Dans cette descente un
peu accidentée, le 5ème lâche il n'est pas très en
forme. Je file assez cool jusqu'à la piste forestière après avoir
doublé pas mal de traileurs du 160km dont Nicolas Moyroud (blessé)
je lui dis qu'on se reverra au TOR.
Sur la piste, je range
mes bâtons et fais au mieux pour allonger ma foulée car ceux qui me
suivent devraient pouvoir me reprendre de terrain.
A Freydière beaucoup de
monde on fait vite, Céline me dit de me calmer pour assurer et me
rappeler que ce ne doit être qu'une "rando-course" pour le
TOR, ce n'est pas "la course de ta vie !". Bon j'ai un peu
de mal à décrocher mais elle a raison, pas le moment de se flinguer
une cheville.
Niveau timing, Gabriel
avait mis 1h20 depuis la Pra pour rejoindre Freydière puis 1h20 pour
rejoindre St Nazaire. Je serai plus lent jusqu'à St Nazaire sur toutes les sections.
Freydière - St Nazaire les Eymes (51km).
La descente qui suit et la traversée du Grésivaudan sont difficiles à gérer car je ne dois pas perdre de temps. Malgré mes douleurs intestinales de plus en plus fortes (j'ai peut-être trop bu à Freydière), je n'arrive pas à bien m'alimenter, bref c'est laborieux, une fontaine me permet un rafraîchissement et enfin j'atteins le Versoud (46ème km).
Il fait, très chaud et
heureusement un point d'eau est en place, ça me permet de reprendre
de l'eau. Mes intestins se rebiffent et mon estomac s'invite à la
fête, ils me font payer cher ces 2000m de dénivelée en descente.
Je me traîne à travers la plaine, je me retourne assez souvent,
personne ne me suis mais je ne suis pas beau à voir…
Après la traversée de
l'autoroute, on recommence à grimper dans St Nazaire les Eymes, des
fontaines me permettent de brefs rafraîchissements, j'arrive inondé
au Ravito (51km 6h52), Céline me redit de calmer le jeu, je fais une
pause de 11min en passant par la case toilette…
Le 4ème est
parti environ 20min avant moi, je dis à Céline que j'assure ma 5ème
place, ce qui est déjà un bon résultat. Je repars avec 1,5litre
d'eau, pas très frais.
Le Manival devrait au
moins m'épargner des secousses destructrices en descente, puisque ça
grimpe jusqu'à l'Emeindras du dessus sur 1200md+ et 8km. J'ai prévu
2h15 pour rejoindre le ravito du habert de Chamechaude.
St Nazaire - Habert de Chamechaude (62km).
Je croise dans la forêt
un vieux promeneur qui m'interroge :
Lui : "vous faites
une course ?"
Moi: "oui",
Lui : "ha c'est pour
ça".
Cette partie je la
connais bien pas de soucis (elle aura été débalisée comme lors du
Grand Duc 2011. Les bénévoles auront eu le temps de rebaliser, pas
de soucis quand j'y passe).
Niveau boisson, c'est la
crise, je suis déshydraté, après 1h13 de course, je fini ma
réserve pourtant je m'étais promis de garder la flasque de 500ml
planquée dans mon sac pour arroser mon passage au col de la Faïta,
pas pu tenir…maintenant je suis en mode « faut se dépêcher
de rejoindre le Habert de Chamechaude".
Je croise deux
descendeurs en vtt, ils me parlent mais avec leurs casques et ma
musique dans mes écouteurs, je ne comprends strictement rien,
j'hoche de la tête pour approuver leurs paroles que je n'ai pas
entendu…
Une guêpe me pique, ça
a le don de m'énerver et de m'encourager à sortir de cette forêt
où Jmb et Cathy étaient venus me soutenir lors du Grand Duc 2011,
cette fois-ci j'ai pas fait de propagande sur ma course, je commence
à devenir superstitieux et n'ose plus trop annoncer les courses,
c'est très con quand j'y penses...
J'arrive au Habert après
2h22 depuis St Nazaire, c'est pas mal vu mon état, je bois pas mal
d'eau et comme je suis pressé pour remplir mes poches les bénévoles m'aident et me disent
de me calmer. Je leur demande :
- "il est loin le 4ème ?"
- "ben c'est toi…l'autre a abandonné à St Nazaire " (il s'agit de jean Soulès).
- "ha bon ? …"
- "le 3ème est à 5min devant, tu peux le rattraper"
- "trop bon merci !"
Non seulement ils m'ont remis à flot mais ils m'ont relancé comme jamais merci !
Habert de Chamechaude - Le Sappey (75km).
Bon ça commence à être pas mal, déjà 62,6km de faitsème. Je file avec cette fois 2 litres, ça devrait suffire pour faire 12km…j'en profites pour passer la seconde, reste 29km.
Passé la cabane de
Bachasson, toujours pas de 3ème, seulement quelques
coureurs du 160km, on s'encourage.
Sous la crête je
l'aperçois enfin, il s'agit de Robin Lamothe, je sais qu'il est plus
rapide que moi et ça calme tout de suite mon envie d'en découdre,
je bascule dans la descente il a déjà disparu. Un peu plus bas
après 14min de descente, je croise Philippe le V2, qui est très en
forme, on s'encourage, je commence à me dire qu'il va me doubler,
j'estime mon avance à 24min, mais comme la suite est plus facile, je
suis persuadé qu'il est capable de le faire.
J'arrive au Sappey en
doublant Joël un coureur du 160km (le prénom est écrit sur son
dossard), vu son accent j'imagine que c'est un américain, bref, mon
imagination commence à partir dans tous les sens.
Au ravito du Sappey
(75km) je rentre en courant dans le bâtiment oriente l'appareil à
badger ma puce car la bénévole ne la trouve pas et passe devant
Robin, les bénévoles me temporisent pour un contrôle du sac, je
fais vite, Robin abrège sa pause et file reprendre du terrain,
Céline me refait les niveaux, on se retrouvera au Col de Vence, je
lui dis que Robin est trop rapide pour moi et que je crains plus la
remontée du 5ème, du coup je lui demande d'attendre son
passage pour connaître l'écart (elle me dira plus tard qu'après
35min d'attente ne le voyant toujours pas elle est partie).
Le Sappey - arrivée (91km).
Malgré tout, je suis maintenant surmotivé, 11h15 de course (Arnaud Lejeune lui franchi la ligne d'arrivée en tête de jour) il reste 17km avec la montée au St Eynard sur 300md+, la descente au col de Vence puis à nouveau une montée de 3km jusqu'au cairn, dans ma tête 10km jusqu'au cairn, 10km à gérer et ensuite tout lâcher dans la descente, si je débloque tout il ne pourra pas me rattraper. Ma poche à eau est à nouveau vide dans mon sac, mon téléphone plus près de mon dos vibre à nouveau, je sais que se sont de bonnes vibrations, 35 sms sur la course ! Merci sans les lire je devine les encouragements, j'image "vas y !, tu vas le bouffer !, il est pas loin tu peux le faire !", niveau motivation si près de l'arrivée et du podium je suis au max !
Après 1km, Robin est
devant moi, il marche dans la montée avec ses bâtons, je réussi à
le rattraper puis le doubler, dans cette forêt la nuit commence à
tomber, je décide de poursuivre sans allumer ma frontale, je vois
assez mais en prenant de l'avance, Robin fini par ne plus être
visible, je sors sur la crête, au loin Grenoble est illuminé, il y
a juste assez de visibilité pour continuer jusqu'au bout de la
crête, les bénévoles me saluent et me mettent en garde sur la
descente, je leur dis que je connais.
En allumant ma frontale,
mon cerveau bascule en mode descendeur, plus de gestion, maintenant
c'est à fond jusqu'au col, ne rien lâcher…je suis au taquet. Je
double beaucoup de coureurs, arrivé au col de Vence (12h10 de
course, Rachid Elmorabity est arrivé 2nd depuis 5min),
David Zijp par surprise vient me surbooster, Céline me ravitaille en
mode méga express, elle grimace car elle a compris que je ne suis
plus du tout en mode "rando-course", les bénévoles me
proposent de la soupe…
Sur la section Le Sappey
– Col de Vence malgré la descente de nuit je met 54min et 44s,
Arnaud L 54min et 25s et Rachid E 1h06, pour eux la course était
faite, pour moi elle commence.
Dans la confusion je
repars comme un dératé sur les dix derniers kilomètres croyant
entendre l'arrivée de Robin (en réalité j'ai quasi 10min
d'avance), je bourrine jusqu'au cairn ne cédant que quelques foulées
et enfin j'arrive à ce fameux cairn.
Là c'est fini, comme
pour tous ceux qui s'entraînent ici, dont Gabriel, Guillaume ou
David, c'est le stade, c'est le jardin, on parle aux cailloux, les
virages, les racines, sont imprimés dans notre disque dur, je
crèverai s'il le faut mais Robin ne me rattrapera pas ici et
maintenant, après je ne dis pas, à partir du Per Gras, sur la
piste, je veux bien céder ma 3ème place à un avion de
chasse mais pas avant d'avoir vidé toutes mes cartouches.
Donc à bloc de chez bloc
je fonce et relance dans la nuit, à chaque fois que je vois la lune,
je crois que c'est lui qui revient, à chaque voies de promeneurs je
sursaute, à la porte St Laurent je suis complètement cramé.
Restent 2km en ville, je
trace avec les moyens du bord et me retourne peu avant l'arrivée,
depuis la passerelle j'observe la rue d'où je viens, il n'est pas
là…je peux traverser le parc Mistral tranquille et passer l'arche,
c'est fait et c'est bon de finir 3ème ici à Grenoble
(13h11 de sortie).
Sur la section Col de
Vence – arrivée, j'ai mis 1h01 et 30s, Arnaud L 2 secondes de plus
et Rachid E 1h16. Depuis que j'ai passé la seconde au habert de
Chamechaude sur les 29km restants mon temps est de 3h46, Arnaud L
3h30 et Rachid E de 4h38. Enfin à l'heure qu'il est, ils sont déjà
douchés et en mode récup, moi j'ai oublié mon nécessaire de
toilette...
Belle "rando-course"
(91,7km 5730md+/5930md-)…Robin n'arrivera que 38min30s plus tard et
Philippe 1h09, faudra que j'apprenne à calmer mes craintes de
remontées de coureurs...
Place au TOR, Luca Papi
est là, on s'y retrouvera il a aussi fini 3ème du 160km,
belle rando-course pour lui aussi.
Bravo Xav, t'es vraiment impressionnant.
RépondreSupprimerBon courage pour le TOR et rdv après pour des Rachais en semaine.
Oliv