100 miles Sud de France
L'Echappée Belle, m'a
permis de boucler mes 3 ultras du challenge national. Cela de faire
complètement retomber la pression et avec une 6ème place
provisoire sur l'UMNT, mon objectif est dépassé.
Mais voilà, l'idée
d'améliorer mon classement commence à germer. Mathématiquement
c'est possible de passer 5ème sur l'UMNT, avant le trail
du Bourbon qui aura lieu à La Réunion, course qui devrait donner
des points à des coureurs leur permettant de me dépasser.
Je commence à
m'intéresser aux 100 miles, les résultats 2015 me confortent dans
l'idée qu'une 5ème place est accessible. Je demande aux
organisateurs la liste des inscrits pour détecter les têtes de
séries. Bon je suis bien fatigué car je me trompe de liste, la page
internet comporte plusieurs onglets que je ne vois pas et reste
bêtement les yeux rivés sur la 1ère liste qui concerne
le petit format de 70km, 50 coureurs au moment de la 1ère
lecture…euphorique je commence à y croire très fort et me fais
des plans sur la comète.
J'hésite malgré tout
jusqu'à ce que Florent me contacte et me fasse basculer
définitivement, inscrit, il ne me reste plus qu'à être en forme le
7 octobre (6 semaines après l'Echappée Belle).
Florent a repéré
quelques coureurs, que je ne vois pas dans la liste internet,
d'ailleurs, Florent et moi n'y sommes pas, je pense d'abord à une
mise à jour puis le doute s'installe et finissent par apparaître
les fameux onglets de toutes les courses… et merde on est 230 et y
a des mecs plus forts que moi, la 5ème place va être
très difficile… bref, va falloir prévoir plusieurs scénario.
L'objectif UMNT : 5ème
(soit 31h48 en 2015), en théorie je dois pouvoir faire 27h45 (mieux
que le 3ème en 2015) mais avec 3 gros inconvénients :
- je ne connais pas le terrain,
- je n'ai pas d'assistance,
- il y a des coureurs plus rapides.
Finalement, avant même
de commencer la course, je sais qu'atteindre cette 5ème
place sera difficile, je préfère relâcher la pression, finir un
ultra de 165km avec 8000md+ pour ponctuer ma saison reste déjà un
motif de satisfaction. L'occasion de découvrir ou redécouvrir un
massif, des villages et plages où j'ai trainé mes sandalettes,
petit durant plusieurs années.
Mes 4 ultras ont été
concentrés sur 4 mois :
11 juin : GR6666
7 juillet : Ultra Di
Corsica
26 aout : Echappée Belle
7 octobre : 100 Miles Sud
de France
On trace le jeudi 6
octobre avec Florent vers 13h pour arriver moins de 6h plus tard à
Font Romeu, le ciel s'assombri plus on trace vers le sud. A partir de
Perpignan, il pleut, le ciel est noir et au loin on finit par
apercevoir la neige annoncée à 2500m sur les hauts sommets…
Plus on s'approche, plus
on imagine courir demain sur les cols enneigés qui apparaissent sur
notre gauche, on y passera pas mais comme on ne connaît pas on
imagine le parcours possible de la course sur les montagnes alentour
qui attirent le plus nos regards.
Il meule sévère,
heureusement Florent a trouvé un bon hôtel, il pleut encore le soir
à Font Romeu quand nous partons chercher le point de départ, pas
évident finalement.
On débarque vers 20h au
gymnase, 2 mamies assurent une inspection poussée de nos sacs de
course, je dépose mes 3 sacs de base de vie, Florent le fera le
lendemain. Il fait bien froid dans l'espace Pasta Party, on finit à
2 sur ces longues tables, surpris de voir si peu de sacs de base de
vie de déposés (60) et encore moins de sacs d'arrivées (moins de
10).
De retour à l'hôtel, on
commence à se dire que l'on ne va pas être si nombreux sur la ligne
de départ.
Florent est matinal, il
est motivé pour en découdre et faut aller déposer ses sacs avant
une certaine heure. Il descend au petit déj pendant que je passe à
mon atelier collage de compeed, quasi 30min à mastiquer mes petits
petons qui craignent la pluie et la neige tombées la veille…
Cet atelier m'a permis
d'éviter le speaker qui est venu interviewer Florent au petit déj'.
Comment a t'il fait pour nous trouver ? Fait-il tous les hôtels ?
En tout cas il m'a identifié…
Le ciel se dégage
doucement sur ce début de matinée, on doit partir à 10h, il fait
toujours aussi froid (3°C), Florent retrouve des coureurs, il
connaît un paquet de monde, c'est impressionnant, je m'isole pour
faire un petit échauffement Russe (technique Julien d'OST).
Florent me signale la
présence de Pascal Giguet, définitivement je ne crois plus possible
d'atteindre la 5ème place, dans mon esprit, seront devant
: P.Giguet, E.Ripoche, S.Vergès, JF.March et sûrement 1 ou 2
coureurs espagnols ou français que je ne connais pas, pour faire 5,
il faudra qu'ils craquent ce qui peut arriver à chacun de nous, rien
n'est jamais acquis en ultra.
La pression pour
atteindre cette 5ème place se dissipe, je décide de
rester dans ma course en essayant juste de tenir mes prévisions, en
courant avec les meilleurs sensations possibles sans rentrer à la
chasse à la place trop tôt, aller au bout ce nouveau challenge
s'est déjà en soit bien suffisant, la route est longue et
l'itinéraire reste à découvrir.
Font Romeu – Vernet
(base vie 1) : 53km (2508md+/3600md-)
Durée prévue : 7h21 /
durée réelle : 7h08
Finalement sur les 237
coureurs nous sommes 209 à prendre le départ à 1762m d'altitude,
l'ambiance est détendue, le soleil comme à nous faire espérer un
réchauffement salvateur.
Bonne ambiance avec les
étudiants de Font Romeu qui courent avec nous jusqu'à Planès. Au
loin les montagnes sont blanches, on verra un peu de neige à 2100m
au bord des chemins à l'ombre, malgré la pluie tombée jeudi les
sentiers ont bien séchés. Il fait bien frais, je pars avec les
gants.
Florent part devant on se
fait signe sur le chemin, globalement la course est partie très vite
à mon gout. Il fait trop froid, j'attends de passer les 30min
d'échauffement pour essayer de le rejoindre.
Mont Louis arrive plus
vite que prévu, le chemin a été raccourci, 48min envisagées pour
10km qui se transforment en 33min (29ème)… toujours
rassurant de se dire que ça va peut-être durer moins longtemps, du
coup, ça me réconforte dans mon idée de remplir les bouteilles au
3ème point d'eau : la cabane d'Aisèques (21km).
En attendant, je rattrape
Florent à Planès (59min – 24ème). Il met ses écouteurs et ne
m'entend pas, j'aurai du aller le voir et regrette pendant plusieurs
heures de ce dépassement sans signe, souvent je me retourne espérant
le revoir.
A Aisèques, je vire la
veste même si je double quelques coureurs dont Sébastien Longaret
qui doit être le coureur ayant enchainé le plus d'ultra sur le
challenge, je ne crois plus être capable d'aller chercher la 5ème
place même si mes temps de passage sont pour le moment bons. Autour
de moi les coureurs visent les 30h, j'imagine donc ne pas être dans
le bon wagon.
Malgré tout la chaleur
aidant (on descend dans des vallons plus chaud), je continu ma
remontée au classement et arrive au Mantet en 5h07, on m'annonce
12ème au pointage, je ne m'arrête pas au ravito pour
passer le col suivant plus rapidement, je suis suivi par deux
coureurs à quelques minutes.
Avant le col des
spectateurs m'annoncent 10ème sans avoir doublé personne
(en fait les 2 autres devaient être au ravito mais je ne percute
pas), tout ça est confus et ayant laissé mon portable éteint dans
le sac je ne vois pas les sms qui me donnent le bon classement (ce
sera une très grosse erreur).
Après le Col, Christophe
Delsol me rattrape, il me reconnaît on était sur le podium des 20
premiers en Corse, il est en forme et va trop vite pour moi dans
cette descente, je reste plus tranquille.
Je rempli au village de
Py (43,3km) avant de repartir pour Vernet, via le col de Jou, je
trouve la montée un peu longue et espère pouvoir garder mon avance
à Vernet sur mes prévisions.
C'est chose faite, arrivé
en 7h08 j'ai 13min d'avance sur mes prévisions, c'est pas bien
large, alors je fais au plus vite, ce qui n'est pas facile. La base
de vie, n'est pas vraiment en place, on me demande quel sac de base
de vie je voulais "celui du Vernet ou celui du Perthus ?"
"heu…ben le Vernet" (on est bien au Vernet là non ?),
après ça je me déplace pour trouver un peu d'eau près de la
marmite à soupe.
Christophe se fait
masser, je repars avec Guillaume Taupenas qui décroche son tél pour
annoncer qu'il a 50min d'avance sur l'année passée. On m'annonce
10ème (ce qui est réel) dans ma tête je ne crois plus
en la 5ème place, dommage car après analyse des temps de
passage, je découvre que celui qui fera 5ème est ici
8ème et n'a que 12min d'avance.
Vernet (base vie 2) –
Arles (base vie 2) : 89km 4500md+/5900md-
Durée prévue : 7h /
durée réelle : 6h45
On remonte les rues de
Vernet en passant près du départ de la Grand Traversée, la foule
me salut, le speakeur (celui de l'hôtel) m'annonce comme étant "un
gros poisson" (une carpe certainement).
Ici démarre une montée
de 10km pour 1500md+ jusqu'au refuge de Cortalet, mon objectif est de
mettre la frontale là-haut et si possible voir la Méd'. Point
positif là-haut, il ne restera plus que 100km.
Petit à petit les
coureurs de la Grande Traversée me doublent, la piste est assez
large au début puis sur le sentier, c'est plus compliqué je dois me
garer mais ça me gonfle tellement que je me prends au jeu de suivre
leur rythme, avec plus 7h d'échauffement, je vois vite mes limites,
ils sont frais comme des gardons et moi mou comme une carpe…
Malgré tout ça grimpe,
Guillaume double avec aisance et me dit qu'à Estanyol on aura fait
la moitié "c'est cool ?" moi "heu…oui (quelle
moitié ?)"… bref, j'y laisse des plumes ou des écailles dans
cette montée et j'ai faim, la dalle…
On sort de la forêt,
entre chien et loup, il est temps pour tout le monde de mettre une
loupiotte sur le front, le refuge de Cortalet présente un ravito
salvateur pour tous les coureurs, chacun est ravi de manger des
pattes au bouillon, je prends 3 verres, m'habille pour la nuit et
reprends le chemin avec un grand nombre de coureurs.
Florent arrêtera ici et
commencera pour lui, une nouvelle course pour retrouver sa voiture
après plusieurs heures de transit l'amenant à Argelès, puis
Perpignan, puis Font Romeu, puis Argelès le tout en 4 x 4, en
navette méga speed, en car, en bus, en tachant de se refaire une
santé, de dormir où c'est possible et d'essayer de se réalimenter,
de boire etc etc… le chemin est plus tranquille pour moi.
(Cortalets 63km 4000md+ :
9h45 10ème, 10h07 de prévu, le futur 5ème
passe en 9h29).
Je ne peux plus
distinguer les coureurs du 100 miles des autres, la première partie
jusqu'à Baltère descendante est sympa, à gauche on aperçoit une
ville illuminée Perpignan et au loin les stations balnéaires. Ici
faut se méfier des blocs instables sur quelques tronçons,
globalement il n'y a pas trop de pièges. Ce qui est bon à prendre
c'est que les coureurs partis du Vernet commencent pour certains à
coincer, je vais ainsi en doubler quelques-uns et courir avec
d'autres qui me redoublent dans un jeu de yo-yo.
Je passe à Batère 9ème
(je ne le sais pas), je rattrape Guillaume il est assisté par 2
copains. Il est 22h17 on a fait 77km. On sympatise, un bénévole
m'aide très bien, il vient spontanément m'aider, c'est vraiment
top, car il y a du monde à gérer. Guillaume et les garçons sont
chauds patates pour que l'on rattrape un anglais arrivé juste avant
nous, il leurs semble fatigué, on finit par se motiver pour le
rattraper. Guillaume pense que l'on est sur les temps du 1er
2015 (26h13), je lui dis que l'on est en retard (13min) mais les 28h
que nous envisageons restent atteignables, le moral est bon, je suis
dans un wagon intéressant.
Je repars avant Guillaume
pour tenter de rattraper le fameux english.
1h47 après j'arrive à
Arles sur Tech (89km) sans avoir vu d'anglais, je n'ai pas trop de
souvenir de ce passage, c'est confus mis à part l'arrivée à la
Base de Vie pour le reste je ne sais plus trop décrire ce que j'ai
pu voir (passage à vide, perte de motivation importante à ce moment
de la course, envie d'arrêter…).
La base de vie fait du
bien, je prends le temps (29min) pour me changer, il est minuit
passé, il fait froid dehors, je mange.
Guillaume m'a une
dernière fois rattrapé, il me montre l'anglais que l'on doit
doubler, il me dit de me dépêcher et de repartir en même temps.
Lui de son côté part dormir 30min car l'année passée il avait
dormi dehors peu de kilomètres après.
Arles (base de vie 2)
– Perthus (base vie 3) : 130km 6650md+ / 8100md-
Durée prévue : 21h57 /
durée réelle : 22h02
A 00h33 je repars (8ème)
on m'annonce 9ème j'ai 31min d'avance sur mes prévisions,
le futur 5ème sort d'Arles à 00h18 (mais ça je ne le
sais pas).
Les sms reçus lu à
Arles m'ont fait le plus grand bien, je me sens moins seul, regonflé,
vous m'avez motivé, ils m'annoncent 3ème V1, j'aurai dû
laisser ce portable allumé sur mon épaule pour un vrai suivi live.
Mes pieds me font mal,
plusieurs points dur, peut-être des débuts d'ampoules, les muscles
sont raides et le tendons tendus…
Devant moi, un marathon
avec 2175md+ jusqu'au Perthus, objectif : éteindre la frontale un
peu avant le Perthus.
Je sors donc cet endroit
chaleureux, pour retourner dans l'obscurité, pas trop le temps de se
lamenter, après quels mètres de bitumes on est vite caché dans la
forêt à l'abri du froid, dans cette montée, je commence à avoir
chaud à 288m, désormais on atteindra une altitude max de 1450m (Roc
de France), j'espère que la sensation de froid va disparaître.
Je rêve de finir en
short après le Perthus et de me baigner à l'arrivée dans la Méd'.
Sur le bord du chemin,
quelques coureurs de la Grande Traversée titubent, un coureur est
même allongé et dort dans un virage, Guillaume avait donc raison,
ça peut arriver après Arles.
J'avance assez bien en
montée et commence à éprouver des difficultés à courir sur les
faux plats, même les descentes nécessitent d'abord une marche
rapide avant de pouvoir trottiner. Des coureurs de la Grande
Traversée ou des relais me doublent aisément, un coureur file trop
vite avant Moli de la Paleta (95km) et se trompe d'intersection et me
redouble un peu essoufflé.
J'arrive au ravito de
Montalba après quelques passages de brouillard, sous la tente, les
bénévoles sont au petit soin, ils assurent bien, l'accent anglais
d'un coureur me fait réaliser que j'ai fini par le rattraper. 100km
de faits nous reste 65km, une paille.
Voilà donc une nouvelle
bataille qui s'engage, je ne demande pas mon classement, je pense
être 9ème depuis Arles et donc l'anglais 8ème,
en réalité nous sommes 8 et 7ème.
A 2h46 du matin, encore
5h de frontale à 595m il fait froid encore, devant nous 8km (le
bénévole annonce 7km) pour rejoindre le prochain point d'eau et
900md+ pour passer par le Roc de France.
Je repars avec l'anglais,
comme j'ai pu le rattraper, j'imagine que je peux le déposer dans
cette montée, alors je force il s'accroche, il souffle fort, refuse
de prendre le relais, il m'énerve, alors je poursuis en espérant le
déposer mais cela exactement l'inverse, il me passera avec un "good
speed", puis s'envolera vers le sommet, … moralement il m'a
tué. Je repasse en 1ère et avance en mode motoculteur,
quelques frontales devant mais jamais je ne le reverrai.
En réalité cet anglais
est suisse et il m'aurait fallu être plus rapide que lui pour
atteindre sa 5ème place, car sans le savoir je viens de
courir avec celui qui atteindra mon objectif. Aucun regret il a été
nettement plus fort dans cette montée sans parler de la suite, bravo
à lui.
Etant dans ma tête 9ème
avec un 8ème imprenable, je me vois difficilement
rattraper le 5ème, je bascule doucement en mode finisher
me reste plus qu'à changer d'objectif.
La montée au Roc de
France fini par sortir de la forêt pour atteindre une crête
composée de blocs instables, humides au milieu des fougères, les
lumières de petits villages comme seul horizon dans cette nuit qui
n'en finit pas de s'éterniser.
Après quelques
montées-descentes, je fini par atteindre péniblement le point d'eau
Pui à Glace (109km) situé dans la descente vers Les Illas (115km).
Il y fait froid, 2 toiles de tente, les deux gendarmes me disent que
des coureurs dorment dedans, je n'ose pas demandé si des coureurs du
100 miles sont dedans de peur de les réveiller. Ils m'indiquent 6km
pour le prochain point.
En réalité, il y a 8km,
la piste est en carrossable, d'abord en ciment, que c'est douloureux
pour les pieds, un coureur de la Grande Traversée marche tellement
ça latte. Heureusement une piste en terre permet un petit
soulagement, c'est en serrant les dents dans le petit sentier
accidenté que finit par atteindre la salle du ravito.
19h53 de course, pour
19h54 de prévision (je ne réalise pas en regardant mon tableau de
marche que c'est toujours bon, mes pieds, mes jambes me font bien mal
pour apprécier la lecture des chiffres). L'anglais-suisse, Thomas
n'est pas là, il a désormais 23min d'avance…
Les autres coureurs de la
Grande Traversée sont toujours aussi sympas et m'encouragent tout
comme les quelques habitants, les bénévoles assurent bien les
ravitos, je repars on m'indique 8ème, je n'y crois pas
n'ayant pas doublé de coureurs et reste avec mon idée d'être 9ème,
on ne peut pas me dire si un coureur a abandonné, il s'agit en fait
de Pascal Giguet.
En repartant il me reste
1h30 de frontale et 49km de course, dont 16 pour rejoindre le
Perthus.
La remontée sur le
bitume est difficile pour les pieds, j'espère toujours tenir mon
objectif de 8h du matin au Perthus. Après la sortie du village,
jusqu'au Perthus, je n'ai plus vraiment de souvenir, juste une
impression d'avoir évolué sur des très longs faux plats avant de
descendre.
Après 11h30 en nocturne sur les 21h30 de course, j'éteins la frontale
avant de voir la méd dans la descente vers le fort de Bellegarde, un
coureur me rattrape et je le remets sur le sentier avant que l'on
travers le fort.
J'aurai apprécié la vue sur le début 63km avec de très beaux points de vue, ensuite ben 63km de nuit, peux pas trop dire, reste encore 40km de jour.
On finit par arriver au
ravito du Perthus vers 8h30, je cherche le pointage on m'indique
qu'il est à la sortie du ravito, je reste ici, récupère mon sac,
m'alimente, Christophe Delsol vient m'encourager et m'explique qu'il
a un genou douloureux.
Le rêve du short est
vite oublié, il fait trop froid, la Tramontane souffle, ça meule.
Le Perthus (base de
vie 3) – Argelès (arrivée) : 165km 8000md+ / 9800md-
Durée prévue : 27h45 /
durée réelle : 29h13
Je repars avec devant
moi, 34km et 1414md+ à réaliser en 5h39, je sais que ce sera bien
plus, j'ai les jambes et les pieds en feu. L'objectif des 28h est pas
atteignable vu mon état alors moins de 30h sera déjà pas mal. Ca
pourrait être 16h à la plage pour une petite baignade, c'est
jouable, j'ai mon short de bain dans le sac d'arrivée.
Le pointage est
effectivement plus bas à 400m, certains coureurs scrupuleux pointent
ici en entrée et remontent au ravito avant d'y redescendre pour
pointer leur sortie (plus tard en allant chercher le sac de base de
vie avec Florent, le pointage aura été remis au ravito, c'est mieux
pour tout le monde).
Au pointage, je demande
ma place, "dans les 47 des deux courses" "et sur le
100 miles" "ben on peut pas trier"… ok je dois être
9ème alors…en réalité je suis 7ème ce qui
est complètement différent.
Thomas est 6ème
et a 37min d'avance.
Ici commence le massif
des Albères, proche de la mer et pas pour autant une promenade
balnéaire, les montagnes sont fières et comptent bien nous démonter
la gueule avant de toucher le sable, je dois dire qu'elles ont réussi
leur coup… tout le monde m'a prevenu dans la descente vers La Vall,
on va souffrir.
En attendant ce dernier
crux, faut supporter les pistes forestières et j'en bave, les faux
plats à 5% sont des murs où je ne peux pas courir plus vite que la
marche, alors je fais comme les autres coureurs de la Grande
Traversée, je marche mais j'y perds un temps énorme.
A St Martin d'Albère, je
ne suis plus très lucide, je demande au bénévole "c'était
prévu ce ravito ? on est où exactement ?" On me rassure, je
suis assis quand on me dit que je suis 9ème et … je
vois passer, Sylain Ratia qui me félicite, manière de m'assommer en
réalité…ok je suis donc 10ème ? sûr je viens de
descendre d'une marche en V1 et sors du podium.
Pas grave, j'en ai marre
de ces pistes et ai hâte de voir la plage.
Au col des Ouillats, je
n'ai aucun souvenir du pointage, je suis 8ème en 24h21
(23h48 de prévu), Thomas est 6ème en 23h37.
On finit par arriver avec
un coureur de la Grande Traversée qui connaît bien au Col des 3
Hêtres. 26h10 de course, Thomas est passé en 25h14. J'avais prévu
25h19. On discute avec les deux bénévoles, en gros ça fait 1h pour
dégringoler à las Illas et 2h pour faire les 10 derniers kilomètres
avec une remontée de 500md+.
Ok c'est vendu, donc en
gros j'arrive à la baignade pour 15h10 c'est pas mal, ça me va,
j'en rêve tellement.
La fameuse descente
commence en réalité par 1km facile puis ce sont 3km pour 800md-
dans un sentier d'éboulis, de racine, de marche, qui effectivement
prend 1h… Bertrand Gras en profite pour me doubler, boom sur la
tête, aller je dégage du top 10 et suis dans mes réflexions de
grosse carpe endormie à la 11ème place…
Enfin le village de La
Vall, reste 10km, le photographe de Font Romeu ouvre mon sac pour me
glisser sa carte, les bénévoles sont en joie et nous proposent
plein de bonnes choses, il fait chaud dans ce village.
Je repars avant Bertrand
qui est assisté, il me rattrape sans aucune difficulté. On galère
un peu pour trouver le balisage (on fait demi-tour pour finalement
repartir dans le bon sens), la dernière bosse est en sous bois, il y
fait chaud, je décompte mètre par mètre le dénivelé, … enfin
on bascule en passant le Roc del Grill (532m), pour une espérée
descente douce, ce qui n'est pas le cas, Bertrand me rappelle que ça
va être encore difficile.
C'est le cas, les Albères
finissent de me flinguer les pieds et les quadri, faut serrer les
dents. Passer à côté d'une bâtisse en ruine qui n'est pas la
Chapelle St Laurent, qu'il atteindre par deux petites remontées en
sous bois.
Je pointe 9ème
(les bénévoles ne connaissent pas mon classement, je pense être
11ème ) en 28h35, me reste 7km j'avais prévu 27h06.
Thomas a doublé un espagnol et passe 5ème en 27h18.
Le final est libérateur
jusqu'à ce que 2 coureurs pointent leurs nez et me rattrapent je
crois voir un coureur du 100 miles, ce qui me fait littéralement
péter les plombs.
Je finis en accélérant
jusqu'à Argelès, je vais même reprendre un peu de temps sur les
deux coureurs qui me précèdent.
Je traverse le port de
plaisance rassuré, puis entame le remblai, Florent me fait la
surprise d'être là je suis très content de le voir, il m'explique
ses déboires et son périple, il vient tout juste d'arriver !
Je franchi l'arrivée,
très content d'en finir en 29h13, loin de mes prévisions mais peu
importe ça reste une sacrée épreuve. Thomas passe en 27h58 à la
5ème place, il a fait la course que je prévoyais faire.
Ce n'est pas une science exacte.
Le speakeur m'interroge
"alors qu'est ce qui s'est passé ?"…"ben ça cavale
fort devant !? et 29h13 en 2015 c'est dans les 5 premiers"….bref,
il a fini par le griller son gros poisson.
"Je lui dis 11ème
c'est pas mal", il me répond "non tu es 9ème "
, "ha !…(j'ai pas compris ce qui s'est passé)".
Voilà, Florent récupère
ma carcasse qui se grippe de plus en plus, je ne peux plus trop
marcher… j'évite la noyade en évitant de me tremper dans la méd'
j'aurai été incapable de ressortir de l'eau.
Le coureur du 100 miles
qui me suit n'était en fait qu'un coureur de la Grande Traversée
mais il m'a sûrement permis d'éviter la remontée du suivant arrivé
3 min après.
Florent a sûrement
raison, c'est une course où il faut en garder sur le pied pour finir
fort sur les pistes de la fin de parcours.
Satisfait, soulagé,
j'évite même le podium V1 d'une place ce qui nous permet de rentrer
le soir même chez nous pour retrouver une vie normale et se reposer
pour de vrai. Florent assure le transport, je suis bien cramé, il
m'apprend tellement de choses sur le petit monde du trail, c'est très
intéressant.
Fin de saison, merci Ju,
programme en acier, même en roue libre je fini un 100 miles, 6
semaines après l'Echappée Belle.
3 top 10 en 4 ultra consécutifs, c'est
good !!
Ps :
Et après recalcul pour
passer 5ème sur l'UMNT, j'avais besoin d'améliorer mon
résultat de la Corse avec 53 points de plus. La 5ème
place sur le 100 miles ne m'aurait rapporté que 52 points… donc
c'était la 4ème qu'il me fallait faire.
En 2015 c'était bon, le
4ème avait mis 30h50, cette année il a mis 25h23
(sachant que le 1er en 2015 avait mis 26h13…).
Voilà,
c'était plié d'avance, d'entrée je me suis planté d'objectif…,
aucun regret, il est temps de me reposer et de laisser le challenge
se finir avec le trail du Bourbon (course master) et celui de la
Martinique, je devrai peut être me maintenir dans les 10 premiers du
challenge national, à suivre.
(photo : page facebook organisation).
Hey guy, c'était un plaisir de vivre ce petit we en amoureux. Bon j'aurais bien aimé te mettre ta misère mais y a pas photo t'es bien plus costaud ! Un jour je t'expliquerais comment vomir tout le temps et toi tu m'expliqueras comment courir tout le temps ! Allez à la prochaine, car oui, y'en aura d'autres !
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